Flétan blanc : Les pêcheurs de Saint-Pierre et Miquelon dans le viseur des industriels canadiens

L'équipage du Terre-Neuvas a débarqué 16 tonnes de flétan blanc dans le port de Saint-Pierre le lundi 3 juin.
Si le seul navire de l'archipel qui cible le flétan blanc part actuellement en pêche dans les eaux internationales, les industriels canadiens mettent la pression sur leur gouvernement pour peser sur les négociations qui concernent cette espèce dans leurs eaux, comme dans celles de Saint-Pierre et Miquelon

Il y avait de l'activité sur le quai de l'ancienne usine Interpêche à Saint-Pierre ce lundi 3 juin. Après 15 jours passés en mer, le Terre-Neuvas de l'armement SPM Océan y débarquait 16 tonnes de flétan blanc pêchées dans le secteur maritime 3N à près de 48 heures de navigation au sud-est de l'archipel.

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C'est la première fois qu'un navire du territoire ciblait cette espèce dans les eaux internationales gérées et contrôlées par l'OPANO.

Fondée en 1979, l'Organisation des pêches de l'Atlantique nord-ouest est un organisme qui a pour but de donner des avis scientifiques et de gérer les ressources halieutiques dans la région.

Les zones de pêche qui entourent la "french baguette" des eaux territoriales de Saint-Pierre et Miquelon dans le 3PS.

Mettre la pression sur le gouvernement canadien

Cette campagne effectuée en toute légalité permettra à l'armement d'envoyer sa cargaison jusqu'à Boston où elle sera vendue. Mais elle a sans doute été épiée par les industriels canadiens du secteur qui se sont exprimés dans les médias à la veille du retour de ce navire dans son port d'attache.

L'industrie canadienne de pêche au flétan accuse la France de vouloir s’emparer d’une part exorbitante de son quota historique du précieux poisson de fond qui migre à travers les eaux des deux pays.

Paul Withers, journaliste de CBC (Radio Canada)

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Des négociations qui n'ont toujours pas abouti

Cette prise de parole des syndicats et des lobbies canadiens intervient dans un climat tendu sur la gestion de l'espèce, très lucrative, dans un tout autre secteur géographique, à savoir ses propres eaux territoriales, comme celles de son petit voisin français.

Une zone dans laquelle Paris et Ottawa peinent à trouver un terrain d'entente sur la cogestion du flétan blanc. Un poisson qui aurait généré plus de 100 millions de dollars l'an dernier côté canadien.

Le flétan blanc pêché par les armements locaux sera envoyé sur Boston pour y être vendu.

Mathias Raynaud nous en dit plus sur l’avenir de cette ressource qui fait toujours débat dans la région.

L'épineuse question des quotas ou la part du gâteau

Si la France a autorisé la pêche de 354 tonnes de flétan blanc dans ses eaux territoriales l'an dernier, seules 124 tonnes de ce poisson plat y ont été prélevées.

Un espoir pour les pêcheurs de l'archipel qui entrevoient un avenir dans un secteur moribond depuis des années.

La ressource se porte bien dans la zone selon le ministère canadien des Pêches et des Océans qui a augmenté de 4% son TAC pour la période 2024/2025

"La gestion de la french baguette pose problème aux Canadiens"

Contactées, la préfecture de Saint-Pierre et Miquelon et la Collectivité territoriale ne souhaitent pas commenter ce dossier, affirmant que les négociations sont toujours en cours pour aboutir à un accord. 

De son côté, Stéphane Lenormand, le député de l'archipel, estime que "la délégation française fait front sur ce dossier", même si la situation reste "extrêmement tendue".

Retrouvez sa réaction ci-dessous. Il est interrogé par Flavie Bry.

©saintpierreetmiquelon

Ce lundi 3 juin, Mathias Raynaud et Jérôme Anger étaient également sur le quai pour assister au déchargement du Terre-Neuvas à Saint-Pierre.

©saintpierreetmiquelon