C'est un peu Mayotte qui est representée en demi-finale de la Coupe de France après l'exploit de Houssame Boinali et ses coéquipiers de Rumilly Vallière, club de national 2, tombeur ce mardi du Toulouse football club, troisième de ligue 2.
Comment vous sentez-vous au lendemain de cet exploit ?
La nuit a été courte. J’ai très peu dormi car après le match, nous avons savouré avec le groupe et le staff. Nous avons célébré cette qualification jusqu’au bout de la nuit et comme il faut. Nous sommes allés la chercher cette qualification. Nos efforts sont récompensés. Les messages en provenance de Mayotte affluent. La famille, les amis, mes éducateurs du club de M’tsangamouji et même des anonymes. C’est une immense joie. Merci à tous les mahorais pour leur soutien. C’est notre victoire à tous
Vous réalisez le chemin parcouru ?
Pas vraiment. Lorsque le coach nous disait aux entrainements que nous pouvons le faire, nous ne le prenions pas vraiment au sérieux. Mais aujourd’hui avec la présence des médias, les sollicitations, cet engouement autour de nous, ect… cela commence à faire peur car nous ne sommes habitués à ce traitement. Je n’ai pas de mots pour décrire ce que l’on ressent. C’est vraiment magnifique.
Vous êtes le deuxième joueur Mahorais à atteindre ce stade de la compétition, après Toifilou Maoulida, qu’est que cela représente à vos yeux ?
Très fier d’être mahorais, de représenter notre île. Notre drapeau ne me quitte plus. Dès que l’occasion se présente, je le montre toujours pour faire connaitre notre territoire car on manque de visibilité. Je souhaite aux jeunes mahorais de vivre ces moments. C’est mon rêve : voir des mahorais gagner la coupe de France, ligue des champions, coupe du monde, viser la lune.
Comment vivez-vous cette aventure ?
Ce qui nous arrive est extraordinaire, même si ce n’est pas si simple. Avec le contexte sanitaire, on ne peut jouer le championnat, alors que nous devons faire face à des adversaires qui ont le rythme. Nous sommes obligés de chercher des matchs amicaux ou bien faire des oppositions en interne. Mais pas évident car au sein de notre club, très peu de joueurs possèdent un contrat pro. C’est mon cas. Je suis au chantier tous les jours, dans le BTP. Les journées sont longues et je dois enchainer derrière avec les séances d’entrainement sans passer par la maison. Mais c’est notre passion, on ne joue pas pour l’argent mais pour le plaisir, on aime ce sport. Du coup chaque tour est une finale pour nous. On joue notre vie car nous savons que beaucoup de monde nous suit. Donc nous devons être à 1000% et jouer les coups à fond.
Votre objectif ?
Nous sommes des compétiteurs, le prochain tour sera forcément un gros morceau de ligue 1. Il faut désormais prendre du plaisir, jouer les matchs à fond. On veut aller en finale et vivre un moment historique peu importe l’adversaire. Paris, Lyon Montpellier. C’est que du bonus, du bonheur. Lyon, c’est mon club de cœur, Paris c’est magique avec Neymar, Mbappé et toutes les autres stars. Ce sont des rencontres que tout footballeur, tout passionné, rêve de jouer. On va jouer pour la gagne et nous irons chercher la finale. On veut aller jusqu’au bout
Un dernier message pour les mahorais ?
Mille mercis pour leur soutien. C’est une source de motivation. Merci à ma famille, mon village M’tsangamouji, mon club et mes éducateurs sans qui je ne serai pas à ce niveau. Ils ont fortement contribué à cette victoire. Une pensée enfin pour mon île qui vit des moments difficiles avec les derniers évènements. Cette situation me touche car j’étais élève au lycée du Nord à M’tsangadoua. Mayotte ne mérite pas cela. Nous donnons une mauvaise image de notre territoire à l’extérieur. J’espère que mon parcours pourra redonner le sourire à la population.