Grand Raid 2024 : Ricardo et Nina sont arrivés au bout de leur Diagonale, retour sur leur aventure

Nina et Ricardo arrivés à La Redoute
Ricardo et Nina l'ont fait ! Nos deux coureurs de la Diagonale des Fous sont parvenus jusqu'à la ligne d'arrivée. Nous les avions suivis ces derniers jours, de leurs préparatifs jusqu'à la délivrance à La Redoute, en passant par Mare à Boue, le Maïdo, La Possession... Retour sur leurs difficultés, leurs joies, leur parcours sur les sentiers.

Voilà non pas une, mais deux histoires qui finissent bien. Il y a quelques semaines, Réunion La 1ère vous proposait de découvrir les portraits d'une dizaine de Réunionnaises et Réunionnais s'apprêtant à prendre le départ d'une des courses du Grand Raid. Chacun avec leur histoire, chacun avec leurs raisons, et chacun avec leurs capacités. 

Parmi eux, nous en avons suivi deux plus particulirement durant toute leur course, de la remise des dossard à la Ravine Blanche, jusqu'à leur arrivée au stade de La Redoute. Car, oui, tous deux ont eu la joie de réaliser leur objectif. Retour sur leur Diagonale.

Ricardo et Nina étaient les invités du journal de Réunion La 1ère ce lundi. Ils reviennent sur leur aventure : 

Grand Raid 2024. Retour sur la course de Nina et Ricardo
Grand Raid 2024. Retour sur la course de Nina et Ricardo 2ème partie

Mercredi 16 octobre, remise des dossards à Saint-Pierre, J-1 : 

Nina, de La Possession, s'est lancée cette année dans sa première Diagonale des Fous, après avoir couru la Mascareignes à quatre reprises les années précédentes. Elle le fait pour sa famille, et notamment sa tante qu'elle a perdue subitement il y a un an.

Revoyez le portrait de Nina sur Réunion La 1ère : 

Grand Raid 2024 : Nina Arthur, se dépasser pour surmonter un traumatisme. ©Réunion la 1ère

C'est avec son ami Yves qu'elle a choisi de relever le défi. Ce mercredi, appelés à retirer leurs dossards, ils découvrent avec joie qu'ils partiront depuis le même sas sur la ligne de départ. A un peu plus de 24 heures du départ, les deux amis ressentent "stress et excitation". "Je suis pressée de pouvoir être dedans et que ça se termine aussi", souffle Nina avec un peu d'appréhension. 

Ricardo lui, découvre son numéro de dossard : le 260. Le Saint-Andréen n'en est pas à son premier ultra : il y a un peu plus d'un mois, il a couru l'Ultra Trail du Mont-Blanc. Cette passion pour le sport lui est apparue après le décès de son père en 2015, suite à un cancer généralisé. Depuis, courir lui permet d'évacuer la souffrance, racontait-il dans son portrait il y a quelques jours.

Revoyez le portrait de Ricardo sur Réunion La 1ère :   

Au moment de retirer son dossard, ce mercredi, c'est encore le calme dans sa tête. "L'excitation viendra, ça va monter crescendo, pour être dans ma bulle à H-1", confie-t-il alors.  

Regarder le reportage de Réunion La 1ère sur la remise des dossards : 

Jeudi 17 octobre, Ravine Blanche à Saint-Pierre, jour J : 

C'est le grand jour pour nos deux coureurs. A 17 heures ce jeudi, Ricardo est déjà à Saint-Pierre avec sa "team Koloss", qui court avec lui sur cette Diagonale. C'est l'heure de s'alimenter, et de se mettre dans le bon état d'esprit. A quelques heures du départ, c'est toute une atmosphère qui commence à se faire ressentir. 

"Ça commence à monter progressivement. Les gens s'agglutinent, klaxonnent, l'effervescence se met en place", jauge Ricardo. 

A la nuit tombée, on retrouve aussi Nina, cette fois-ci dans le parc fermé réservé aux coureurs, avant qu'ils soient appelés à se positionner dans leur sas de départ. Nina garde son objectif en tête : courir pour toute sa famille et ses amis, ses proches qui sont partis, ou encore son papa qui est malade. "I tienbo larg pa", assure-t-elle à quelques minutes du départ. 

Ricardo lui, est confiant : "Ça va le faire". 

Regarder le reportage de Réunion La 1ère avant le départ :

Remise des dossards à Nina et Ricardo

 

Matin du vendredi 18 octobre, Mare à Boue :

Ricardo et Nina sont désormais bien partis. C'est en tout début de journée de vendredi que nous retrouvons Ricardo sur le point de ravitaillement de Mare à Boue, après Notre-Dame de la Paix et le Nez de Boeuf. L'heure de manger un peu et de souffler, après déjà presque 10 heures passées dans les sentiers. 

"Je n'ai aucun souci physique, ça va super bien. Sauf que je ne suis pas trop dans le rythme, mais comme je trottine, ma feuille de route tient, c'est plus ou moins ça. Pour l'instant, les prévisions ça colle", explique le traileur, entouré des membres de sa team Koloss qui vérifient qu'il ne manque de rien. 

La nuit dans les sentiers a été bien humide, toutefois. "Je vais bien, mais la pluie cette nuit m'a un petit peu agacé, mais pas mouillé", souffle-t-il, heureux d'avoir pu enfiler des vêtements secs et propres. 

Regarder le reportage de Réunion La 1ère à Mare à Boue :

Où en sont Ricardo et Nina, les coureurs que nous suivons depuis plusieurs jours ? ©Réunion la 1ère

 

Il est quasiment 9h quand Nina et Yves eux, émergent des sentiers pour rejoindre Mare à Boue. Malgré un "coup de mou après Notre-Dame de la Paix", le moral est là assure Nina, même si "c'est dur". "Les pieds sont un peu sensibles mais sinon ça va", poursuit-elle avant de passer un appel à sa maman. 

De toute façon, dans quelques heures, la famille les attend à Cilaos. "Ça va être bien, comme à la maison !", s'impatiente déjà Yves.

Un arrêt attendu qui leur permettra de retrouver les proches, mais aussi de retrouver un nouvel équipement. "A Cilaos on change de baskets, on change de chaussettes, de vêtements, on se rafraîchit", achève Nina avant de se lancer dans les six longues heures d'effort qui les séparent encore du cirque. Elle y parviendra peu avant 15 heures vendredi. 

Grand Raid 2024 : Nina Arthur

Soir du vendredi 18 octobre, Sentier Scout :

Au bout de plus de 22 heures de course, les choses se corsent pour Ricardo, qui atteint le point de ravitaillement de Sentier Scout vendredi à 20h30. Car ici, il fait à peine 10°C, et le brouillard enveloppe les coureurs qui pointent ici, à plus de 1 600m d'altitude. 

"La gestion du froid est un peu compliquée, je suis à la limite de l'hypothermie", souffle-t-il. Car la météo les a surpris. "On essaie de tout caler mais on n'avait pas prévu ce mauvais temps-là. Mais c'est le trail", philosophe-t-il. 

Dans l'impossibilité de dormir, Ricardo reprend la route moins de deux heures plus tard pour finir sa traversée de Mafate et rejoindre Sans Souci. 

Impossible de dormir, il reprend la route vers 22h pour finir la traversée de Mafate.

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

Grand Raid 2024. Nina et Ricardo courent la Diagonale des Fous pour leurs proches disparus. ©Réunion la 1ère

Matin du samedi 19 octobre, Maïdo :

Ce samedi matin, vers 10h, ce sont Nina et Yves qui ont atteint le Maïdo. Ricardo lui, y est passé trois heures auparavant. Tous ont dû affronter le terrible dénivelé de plus de 1000m pour sortir du cirque. 

Alors Nina, sous le coup du manque de sommeil et de la fatigue physique qui s'accumule après 35 heures de course, craque un peu, même si la foule est là pour les accueillir et les encourager. Mais ce sont ses proches, pour qui elle court, qu'elle tient bon. "C'est mon leitmotiv pour cette course". 

Il faut pourtant repartir. 

Matinée du samedi 19 octobre, îlet Savannah : 

De l'autre côté, Ricardo est lui à îlet Savannah vers 10h ce samedi. L'heure d'une pause autour d'un bon riz chauffé, en lisant les messages d'encouragement de sa fille Téa, son plus grand soutien depuis le début. 

Les sentiments sont mêlés, raconte le traileur. "J'ai rigolé, j'ai pleuré, j'étais pas content, un peu en colère, énervé... Mais ça fait partie de la course". Niveau forme, "le corps demande un stop", annonce-t-il. Normal après 36 heures d'effort dans les pattes. Ce qui ne l'empêche pas de reprendre la route quelques instants plus tard, d'autant qu'il sait que ses enfants l'attendent à l'école de La Possession.

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

Des nouvelles de Ricardo et Nina, toujours en course ce samedi soir !

Après-midi du samedi 19 octobre, La Possession : 

"Je suis super content ! Sur la course j'ai pensé à eux, à tout le monde, à la tribu", sourit-il auprès des siens. C'est l'heure de repartir pour la dernière ligne droite, celle qui le mène à La Redoute. 

Dans l'après-midi, vers le sentier de Bord, à La Possession, Nina a retrouvé le sourire et esquisse même quelques pas de danse avec son camarade Yves. Elle pointera à Chemin Ratinaud en fin d'après-midi, vers 17h, puis à l'école de La Possession vers 19h30. 

Tous ont fait le plus dur, il s'agit maintenant de ne rien lâcher. 

Soir du samedi 19 octobre, La Redoute : 

Il est 20h43 ce samedi soir quand Ricardo atteint la délivrance. 46 heures et 43 minutes de course l'ont mené jusqu'au stade de La Redoute, où il est accueilli par ses deux enfants. 

"Je voulais arrêter, avoue-t-il ému. C'est long, c'est difficile et c'est compliqué, mais heureusement qu'ils sont là".

Cette Diagonale des Fous, il l'a vécue comme "une introspection". "On pense à tout", explique Ricardo. Dans ses pensées, il y avait notamment une amie qui se bat contre un cancer actuellement. "La médaille que je vais avoir, il y a un morceau pour elle". 

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

Nina et Ricardo ont franchi la ligne d'arrivée de la Diagonale des Fous ! Ils courraient pour leurs proches disparus

Matin du dimanche 20 octobre, La Redoute : 

Nina elle, a aussi réussi son exploit. 56 heures et 18 minutes de course, pour arriver à 6h18 au stade de la Redoute ce dimanche matin. 

Pour l'arrivée, son camarade Yves avait tout prévu : des casques de gladiateurs, symboliques pour les deux battants qui ont remporté un véritable combat mental et physique pour toucher la ligne d'arrivée. 

"Je suis fatiguée, j'ai faim", réagit-elle, émue mais heureuse, entourée de ses proches, dont sa maman en pleurs.