Edgar Latchoumanin a fait l'Algérie. Et cette photo de 1961 accrochée dans son salon la seule qu’il a gardée réveille une chronologie de son parcours de jeune soldat parsemée d'anecdotes. Sur un peuple autochtone qui voyait pour la première fois des Guadeloupéens.
Mais que c’est dur de raconter l'Algérie. C’était courant mars avril 1960, six ans après le début du conflit. Des milliers de jeunes Guadeloupéens et de Martiniquais quittent leur famille et leur île pour la première fois de leur vie. Vers une guerre qui longtemps n’aura pas de nom.
C'était une guerre mais on ne devait pas dire que c'était une guerre.
Edgar Latchoumanin, ancien combattant
30 000 morts militaires français, des centaines de milliers d’Algériens tués. Un conflit de la colonisation qui a questionné profondément l’identité nationale de ces Antillais. Edgar n'est pas très fier d’avoir participé à ce conflit. Il y a dans ses propos comme une sorte de honte. Est-ce pour cela qu’il a du mal à montrer ses médailles. Il s'est souvent demandé ce qu'il faisait là-bas. Même les Algériens, les Harkis engagés aux côtés des militaires français lui disaient : "tu es Guadeloupéen, pourquoi es-tu venu en Algérie ?"
Edgar sait ce que certains pensent de son geste. Mais tant pis, il assume. Le prix de sa liberté, peut-être d’une dignité retrouvée, lui qui aurait aimé dire non à cette guerre sans pouvoir le faire.
- (Re) voir le reportage de Rudy Rilcy :