Léon Gontran Damas, une renaissance

Dans la sphère littéraire caribéenne, c’est une bombe : le recueil « Mine de rien » de Léon Gontran Damas est enfin accessible. Il aura fallu attendre 34 ans après la mort du poète.
Christian Filostrat, écrivain, chercheur et ami de Damas, présent au moment de sa mort, publie l’œuvre inédite de Léon Gontran Damas : "Mine de rien", sur son site internet. Une publication-surprise qui nous interpelle. Voilà l’entretien que nous avons eu avec Christian Filostrat, auteur de l’ouvrage intitulé : Negritude Agonistes.

Qu’est-ce qui vous a poussé à publier au moment où vous l’avez choisi, le recueil de Damas, Mines de rien ?
J’avais peur que ce qui est arrivé aux archives de Damas arrive aux miennes. Quand Damas est mort, sa femme est retournée au Brésil et a mis sa bibliothèque en garde-meuble. Et elle est morte.J’étais au Sénégal et ne savais pas ou était cette bibliothèque. C’est le centenaire de Damas. Et puis cela fait 34 ans que Damas est mort et je suis plus âgé qu’il ne l’était en 1978. Aujourd’hui, les pages jaunissent, l’encre disparaît.

Dans quelles conditions l’avez-vous eu ? Autrement dit, pourriez-vous nous raconter l’histoire de ce recueil, telle que vous la connaissez : Comment Damas vous l’a donné...
Il m’invitait chez lui pour lire les poèmes de la collection, pour entende le son, le rythme, etc et savoir ce que j’en pensais.

Dans l’histoire liée à Damas, il y souvent eu des réticences de publication, dues notamment à son neveu qui affirme être son ayant-droit. Qu’en est-il de vos relations ?
Je le considère comme un frère.Quand j’avais un problème de mains inguérissable, il me trouvait des médicaments introuvables. Je logeais à son appartement à Paris quand j’étais de passage. En Argentine, Je suis loin des réticences de publication. De toute façon, il y a un nombre d’œuvres de Damas qui ont revu le jour, grâce aux efforts du neveu de Damas.

Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Damas et ce qu’il y avait de déterminant dans votre relation amicale ?
Au début des années 70 j’ai fait la connaissance de Damas et de sa femme Marietta a Washington où Damas était conférencier à l’University of the District of Columbia. C’était l’époque d’effervescence estudiantine à l’université de Howard contre la guerre du Vietnam, l’apartheid etc. J’y étais et en plus,  j’étais l’un des agités. Bref, nous voulions que Damas vienne à Howard, non seulement parce qu’il était un célèbre poète engagé mais aussi parce que Damas était un lien direct avec notre héros Frantz Fanon. (voir l’interview avec la femme de Fanon sur http://www.negritudeagonistesbook.com/) Et nous avons gardé le contact. Marietta était extraordinaire, elle a été la meilleure œuvre de Damas. A la mort de Damas, je me suis occupé des funérailles. Enfin vous pouvez lire ce que je dis à ce sujet sur le site http://www.negritudeagonistesbook.com/

Pour aller plus loin :

Allez sur le site de Christian Filostrat, sur lequel vous trouverez une mine d’information, sur la période des années 70 à laquelle Damas est arrivé à Howard University.

Visitez aussi le site Krakemento, qui célèbre le centenaire de l’année de naissance du poète Guyanais Léon Gontran Damas.