Prison ferme pour trafic de lambis

Le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre a condamné René Beausir à 2 ans de prison ferme et 100 000 euros d’amende pour importation en contrebande de marchandises prohibées, blanchiment et travail dissimulé. Son épouse, Ornésitha, écope de la même peine, assortie d’un an avec sursis

Les époux sont frappés d’une interdiction définitive d’exercer une activité commerciale. Enfin, le couple de sexagénaires se voit condamner à payer solidairement 300 000 euros d’amendes douanières. Leur avocat a indiqué son intention d’interjeter appel. « Le code de procédure pénale n’a pas été respectée au cours de l’enquête » affirme Gabriel Danchet-Gordien.

Le 31 janvier 2014, les gendarmes de Morne à l’Eau découvrent un atelier clandestin dans lequel des lambis, importés illégalement de l’île voisine d’Antigua, sont conditionnés dans des sacs poubelles non alimentaires. Les manipulations se déroulent à même le sol sur de vieilles nappes souillées. Une perquisition réalisée le lendemain au domicile des époux Beausir va permettre la découverte de cahiers, reprenant les quantités de lambis revendues sur les années 2009-2010 et 2012-2014. Le trafic est estimé à près de 22 tonnes, revendues entre 13,5 à 15 euros du kilo!

L’analyse des cahiers, en collaboration avec la DIECCTE (1) va permettre d’identifier un certain nombre d’acheteurs, et notamment l’hypermarché Carrefour, situé aux Abymes.Pour la période 2012-2013, cette enseigne a ainsi acheté près de 3 tonnes de lambis, revendues comme produits d’appel à grand renfort de campagnes publicitaires et pour partie affichées comme d’origine Guadeloupe. Des faits constitutifs des délits de « tromperie sur les qualités substantielles de la marchandise et sur l’origine du produit ». Autant d’éléments qui n’ont pas été abordés au cours du procès.

Pour autant, cette double condamnation à de la prison ferme constitue une première en Guadeloupe. « Elle a valeur d’avertissement pour toute la filière pêche. C’est une très bonne chose qui devrait faire réfléchir les clandestins comme les professionnels » assure Jean-Claude Yoyotte, président du CRPMEM de Guadeloupe.
 

(1) Direction des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l’Emploi

Voir aussi :