220e anniversaire du drapeau haïtien sur fond de polémique et tensions politiques

Chaque année, le 18 mai, à travers le monde entier, les Haïtiens commémorent leur drapeau. Une célébration qui symbolise l'indépendance du pays, sous domination française, et la première fois où fut hissé le drapeau bleu et rouge, en 1803. 

Pour ce 220e anniversaire, les célébrations ont été délocalisées. Elles ne se sont pas tenues à Arcahaie, la ville qui a vu naître le drapeau haïtien, comme le veut la tradition. C'est la ville de Cap-Haïtien qui a accueilli les festivités, cette année. Un choix loin de faire l'unanimité.  

La ville du drapeau, Arcahaie, aux mains de gangs armés

Selon les médias haïtiens, les gangs de Canaan et Village-de-Dieu tiennent actuellement la commune. Notamment les axes routiers qui la traversent. Une insécurité qui aurait poussé Ariel Henry, Premier ministre, a choisir une autre ville. 

Mais du côté du maire d'Arcahaie, la pilule a du mal à passer. Le 15 mai dernier, il déclairait n'avoir pas été tenu au courant du changement de lieu par le gouvernement suffisamment tôt. Estimant même que ce choix aura un impact sur l'histoire et l'économie de la commune.

Pour ses détracteurs, Ariel Henry perd de plus en plus le contrôle du pays. Les gangs régnant dans de nombreux quartiers et communes.  
Quelques jours avant les célébrations, invitée d'une émission radio, le ministre de la Justice et de la Sécurité publique, Émmelie Prophète, confiait qu'il y avait "des territoires perdus" en Haïti. 

L'organisation "Alliance Humanitaire Haïti" a elle aussi fait part de son désaccord face à cette décision, affirmant qu'il s'agissait là d'un manque de respect "à la mémoire d'un peuple". 

Ariel Henry toujours décrié

De son côté, Ariel Henry tente de rassembler. Sur son compte Twitter, il a d'ailleurs invité les Haïtiens à manifester leur attachement à leur pays de naissance, d'origine ou d'adoption. 

Le Bicolore est beaucoup plus qu'un lien de sang. Il est une promesse renouvelée, depuis maintenant 220 ans, de vivre libre, ensemble, et de mener le même combat pour l'égalité, la fraternité, piliers de la dignité.

Ariel Henry, Premier ministre haïtien

Twitter

Le Premier ministre décrié a profité de cette journée pour inaugurer une école nationale puis est allé à la rencontre d'élus du Nord du pays. 

Mais pour beaucoup, ce 18 mai sonne comme un jour de protestation. Contre la situation politique, contre la violence des gangs et contre les kidnappings. 
Ces dernières semaines, plusieurs manifestations, ont eu lieu à Port-au-Prince, notamment. Les manifestants réclamant le départ d'Ariel Henry. Escortés par des policiers, il a été pris à parti par des opposants, ce 18 mai.