Les fleuristes ont longtemps été parmi les oubliés de la crise sanitaire. Dans l'actuel contexte de pandémie, ils souffrent de difficultés d'approvisionnement. En outre, lors des premiers confinements, leurs commerces étaient considérés comme non-essentiels et les habituelles périodes clé de leur activité (la Toussaint ou encore le 1er mai) n'avaient pas permis de renflouer leurs caisses.
Mais cette fois, ils sont bel et bien classés comme commerces essentiels. Ces artisans peuvent donc répondre aux besoins des nombreuses familles endeuillées, par la Covid-19. C'est le cas notamment aux Abymes et à Sainte-Anne, où le virus a entraîné la mort de nombreuses personnes.
Des commandes difficiles à satisfaire
Les commandes de fleurs funéraires augmentent.
Mais la demande devient de plus en plus difficile à satisfaire, pour les fleuristes. C'est le cas notamment au sein de l'enseigne de Micheline Elphénor, dans le quartier de Grand-Camp, aux Abymes, qui se plaint de l’approvisionnement, encore trop insuffisant :
Je n'arrive pas à avoir ce que je souhaite, parce que les rotations ont diminué (...). Le coût est très très excessif.
Il est arrivé à cette fleuriste de recevoir plusieurs fois les mêmes personnes. Parfois, le virus ne se contente pas de tuer un unique membre d'une famille.
Hier, j’ai reçu un homme. Sa maman était morte, il y a cinq jours. Et, cinq jours plus tard, c’est le papa !
Aujourd’hui, Micheline Elphénor accueille un taximan, déjà reçu précédemment, qui enterre à nouveau un collègue décédé, à cause du virus.
Une charge émotionnelle de plus en plus forte
Lys, orchidées, roses et compositions florales, les fleurs de valeur sont de plus en plus prisées.
Les familles en deuil traduisent ainsi leur souffrance et leur émotion, face à ces morts provoqués par la Covid-19.
A Sainte-Anne, la demande est moins forte, car la commune compte moins de décès.
Mais les morts du virus restent présents.
Selon Jeannette Couriole, le métier de fleuriste ne consiste plus seulement en la vente de fleurs ; il s'agit aussi de soutenir une clientèle en deuil :
On est confrontés à beaucoup d'émotions, concernant le deuil (...). Il faut être vraiment psychologue.
Après une période, malgré tout, florissante pour eux, aujourd’hui les demandes se stabilisent, en même temps que les contaminations.
Ce retour progressif à la normale permettra, espérons-le, de vendre des fleurs pour des événements plus heureux.