À la République-Dominicaine, le port multimodal de Caucedo serait l’épicentre du trafic de stupéfiants de la Caraïbe

République-Dominicaine saisie de 9,5 tonnes cocaïne le 6 décembre 2024.
Malgré une saisie record de 9,5 tonnes de cocaïne le 6 décembre 2024, la République-Dominicaine est épinglée dans plusieurs rapports officiels émis par les États-Unis. Le pays caribéen reste encore la plaque tournante préférée des narcotrafiquants pour l’expédition des stupéfiants vers l’Europe et l’Amérique du Nord.

En septembre 2024, dans un rapport de la Maison-Blanche intitulé Memorandum sur la décision présidentielle concernant le transit de drogues majeures ou les principaux pays producteurs de drogue illicites pour l'exercice 2025, la République-Dominicaine a été mal notée.

Selon les États-Unis, la République-Dominicaine est un lieu de "transit important de stupéfiants."

Entre 2019 et 2022, les autorités dominicaines ont saisi 25 000 kilos de cocaïne.

Le 6 décembre 2024, la saisie record de 9,5 tonnes de cocaïne sur le port dominicain de Caucedo a mis en évidence la faiblesse des systèmes de détection et la croissance du narcotrafic dans la région.

Le port de Caucedo à la République-Dominicaine.

La corruption des fonctionnaires

À la République-Dominicaine, la corruption des fonctionnaires d’état facilite l’entrée de toutes sortes de stupéfiants en provenance des pays d’Amérique latine ainsi que la réexportation vers l’Europe et les États-Unis.

Une enquête menée par la publication InSight Crime affirme que les employées sur le port de Caucedo sont souvent les complices des trafiquants.

La rémunération des agents de la DNCD, Direccion nacional de control de drogas, qui opèrent sur les machines de détection sur le port gagnent l'équivalent de 425 euros par mois.

Selon Arean Varela de l'Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), les narcotrafiquants versent plusieurs mois de salaire aux agents pour qu’ils laissent passer les drogues.

Les agents reçoivent jusqu’aux 10 000 dollars pour aller aux toilettes pendant 3 minutes à une heure bien précise.

Arean Varela de l'Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans un entretien avec InSight Crime

L'épicentre du trafic de drogues

Selon la publication, Global Organized Crime Index, le port de Caucedo est "l’épicentre du narcotrafic de la région".

Toutes sortes de stupéfiants (cocaïne, héroïne, extasie, les opiacées et le cannabis) quittent Amérique du Sud via le Venezuela. C'est par voie maritime que les drogues arrivent enfin à la République-Dominicaine.

Une fois livrés sur le port de Caucedo, les stupéfiants sont transférés dans des conteneurs pour expédition vers les marchés européens et nord-américains.

La stabilité de la région menacée

Aujourd’hui, le narcotrafic, qui nourrit la violence et la corruption, menace la stabilité de la Caraïbe.

Le trafic d’armes, également en forte augmentation, va de pair avec le trafic de drogue.

Le 20 janvier 2025, Donald Trump deviendra Président des États-Unis. Il a promis de lourdes sanctions contre les pays qu'il estime être mêlé au trafic des stupéfiants.

Dans la Caraïbe insulaire, la République-Dominicaine, les Bahamas, Haïti et la Jamaïque se trouvent dans la même catégorie que la Colombie, le Venezuela et la totalité des pays d’Amérique centrale. Il s'agit des pays qui n'arrivent plus à maîtriser le trafic de la drogue.