Dans un communiqué de presse du Parti Socialiste, en date du 23 décembre dernier, la députée et première secrétaire fédérale de Martinique, Béatrice Bellay, souligne les problématiques, hautement sensibles, que doit désormais traiter Manuel Valls.
Ce dernier, désormais ministre des Outre-mer, va hériter de dossiers lourds et explosifs : les secours et la reconstruction à Mayotte, la crise Calédonienne ou encore la vie chère dans tous les territoires. Sans oublier un projet de budget 2025 qui portait encore, malgré la résistance de nos parlementaires, des réductions de crédits inacceptables pour des territoires en crises multiples.
Béatrice Bellay
Et Béatrice Bellay de dessiner un horizon peu réjouissant pour le nouvel hôte de la Rue Oudinot. Un horizon qui pourrait s’assombrir rapidement et fortement, comme le rappelle la députée, en cas de nouvelle fronde parlementaire contre la majorité présidentielle et le "bloc central" à l’Assemblée nationale.
Au regard des urgences, il ne bénéficiera ni de round d’observation, ni d’état de grâce. Mais il pourrait surtout devoir faire face à des élus et à des populations désabusées et, pire, convaincus que les mêmes causes produisant les mêmes effets, une nouvelle censure abrégera la durée de vie de ce Gouvernement BARNIER 2 dirigé par François BAYROU.
"Je jugerai sur pièces"
À écouter le député Jiovanny William dans l’une de ses réactions médiatiques, son jugement sur le nouveau ministre des Outre-mer sera fondé sur l’action de ce dernier. Et le parlementaire d’exprimer son attente sur un sujet précis.
Je jugerai sur pièces et j’espère que M. le ministre Manuel Valls pourra jouer des coudes suffisamment pour pouvoir rétablir le niveau des crédits qui avaient été alloués au moins, je dis bien, au moins, en 2024.
Jiovanny William
Évoquant les problématiques prioritaires dans notre territoire, Jiovanny William souligne la responsabilité des autres composantes du gouvernement de François Bayrou. Pour le député en outre, il est impératif que les parlementaires martiniquais travaillent, de la manière la plus efficiente possible, avec cette équipe nouvellement constituée.
Concernant la Martinique tout est prioritaire. Il y a évidemment la cherté de la vie mais il n’y a pas que ça. Il y a le logement social, il y a nos hôpitaux, donc la santé, etc. Je ne tiens pas forcément Manuel Valls comme étant responsable de tout ça. Les autres ministères sont également concernés et nous allons devoir, nous parlementaires, travailler avec l’ensemble de ce gouvernement et faire en sorte que notre voix soit entendue. Et surtout qu’on soit dans l’efficacité, parce que c’est ce que population demande.
"Je ne crois pas aux femmes et hommes providentiels"
Dans un communiqué de presse en date du 23 décembre, la sénatrice Catherine Conconne fait d’emblée valoir ce qu’elle présente comme étant un positionnement ancré : son refus de croire aux "sauveurs". Une position qui à écouter l’élue à la Chambre haute du parlement, implique de remplir certaines exigences dans la relation aux autorités de l'État.
Certes, un ministre qui a occupé de hautes fonctions sous la mandature de François Hollande et qui a eu l’occasion de se déplacer chez nous mais qui ne changera pas ma doctrine d’usage. En effet, je ne crois pas aux femmes et hommes providentiels donc je continue de clamer notre meilleure posture, celle de la maturité collective, de l’excellente maîtrise par nous-mêmes de nos propres enjeux afin d’être vaillants, crédibles et déterminés face au pouvoir central.
Catherine Conconne
Et la parlementaire de poursuivre, dans ce communiqué, son plaidoyer en faveur d’une réflexion à la fois profonde et féconde en termes de propositions. La sénatrice conclut en esquissant la nature de ses attentes quant au gouvernement de François Bayrou.
Cela passera plus que jamais par une rigueur de la réflexion, un travail approfondi sur toutes les questions qui nous concernent (…) et elles sont nombreuses, et l’affichage sérieux d’alternatives, de nos alternatives, synonymes du meilleur progrès pour nos populations. Pour ma part, je continuerai en conscience à réclamer la meilleure écoute et des avancées concrètes sur les sujets que nous aurons pris le temps de bâtir (…) en cohérence autour d’un partenariat de travail constructif, équitable hors tout débat politicien purement stérile.
Si la réalité de "débat politicien stérile" diffère nécessairement d’un parlementaire à l’autre, il est certain que Manuel Valls appréciera le caractère fécond, ou pas, des discussions à venir sur les nombreux enjeux relatifs à la Martinique.
Plus largement, il faudra observer si la décision d'avoir un ministre d'Etat entraînera des différences significatives dans la gestion de "dossiers" parfois historiquement associés aux territoires ultramarins. Entre vie chère et crise calédonienne, par exemple.