Hier, dimanche 1er décembre, Marine Le Pen indiquait médiatiquement avoir pris acte du souhait qui aurait été exprimé par le gouvernement de ne pas modifier le "Projet de loi sur le financement de la sécurité sociale" (PLFSS) pour 2025, considérant ainsi que Matignon avait mis un terme aux discussions.
La présidente du Rassemblement National (RN) réagissait là à des propos, également médiatiques, de Laurent Saint-Martin, le ministre chargé du Budget et des Comptes publics, qui avait laissé entendre ne pas vouloir faire de nouvelles concessions sur le PLFSS, mis au vote ce lundi 2 décembre. L’ombre d’un vote RN garantissant l’adoption d’une motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier, se fait donc grandissante.
Pour rappel ce texte, qui fait son retour dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, n’a aucune chance d’aboutir car les voix du Rassemblement National et de la gauche y sont majoritaires. Comme l’a médiatiquement répété le premier ministre, le gouvernement devrait donc avoir recours à l’article 49-3 de la Constitution pour faire passer ledit texte. En réaction, les députés du Nouveau Front Populaire (NFP) devraient déposer une motion de censure afin de faire chuter ce gouvernement. Et en joignant ses voix à celles du NFP, le Rassemblement National pourrait faire tomber l'équipe menée par Michel Barnier. L’adoption de cette très probable motion est donc entre les mains de Marine Le Pen.
Un exécutif sous influence du Rassemblement National
Les dernières semaines auront confirmé que l’exécutif est sous influence du parti d’extrême droite. Ainsi le chef du gouvernement a dit renoncer à une augmentation des taxes sur l’électricité, contrairement à ce qui était prévu dans le PLFSS. Un renoncement qui est venu augmenter le nombre de concessions accordées au RN depuis septembre dernier.
Dans ses récentes communications médiatiques, Michel Barnier a en effet esquissé des annonces réclamées par le Rassemblement National, notamment une diminution "sensible" des soins pris en charge par l’Aide Médicale d’État (AME). L'actuel premier ministre a indiqué également que des mesures seraient prises rapidement afin de lutter contre l’immigration illégale. Et pour maîtriser très strictement l’immigration légale.
Profiter de la fragilité parlementaire du gouvernement
En dépit de ces concessions et annonces voilées, Marine Le Pen et ses troupes n’ont pas caché leur détermination à profiter de la fragilité parlementaire du gouvernement, en maintenant la pression afin d’en obtenir le maximum. Une pression qui pourrait être résumée par cette menace d’un vote de censure.
Pour y renoncer, le RN disait attendre de Michel Barnier une "baisse drastique" de l’AME et une négociation, avec Bruxelles, pour baisser la contribution de la France au budget de l’Union Européenne. Ceci parmi d'autres exigences. Pour rappel, Marine Le Pen avait médiatiquement lancé un ultimatum, fixé à ce lundi 2 septembre et à l’endroit du premier ministre, afin que celui-ci réponde favorablement aux "lignes rouges" établies par le RN.
Pour nombre d’observateurs, l’adoption d’une motion de censure grâce au vote RN semble inéluctable, notamment en raison des attentes de l’électorat du parti d’extrême droite. Une absence de vote, certes peu probable, qui pourrait apparaître comme un recul coupable aux yeux de la base électorale du Rassemblement National.
"Nous allons voter la motion de censure, c’est évident"
Pour Marcellin Nadeau, député de la deuxième circonscription de la Martinique et membre du groupe "Gauche Démocrate et Républicaine" à l’Assemblée nationale, le choix est fait.
Nous allons voter la motion de censure, c’est évident. Parce qu’il est évident que le gouvernement va finir par faire passer toutes ces mesures antisociales, sur le remboursement des médicaments, les jours de carence, etc. Nous allons voter la motion de censure puisque le gouvernement Barnier c’est un peu la continuité de la politique néolibérale et antisociale menée par Emmanuel Macron. Mais avec, en plus, un assujettissement dangereux aux exigences du Rassemblement National.
Marcellin Nadeau
À écouter le parlementaire martiniquais, l’identité politique du groupe porteur de cette motion est pour lui capitale dans sa prise de décision.
S’il s’agissait d’une motion du Rassemblement National, il est une évidence c’est que je ne la voterais pas. Maintenant il s’agit bien d’une motion du Nouveau Front Populaire, donc je la voterai. Après nous ne sommes pas comptables de celles et ceux qui votent ou qui ne votent pas. Si le gouvernement arrive à tomber c’est parce que le RN aura voté en ce sens, ça on sait. Mais dans la mesure où il s’agit d’une motion proposée par le Nouveau Front Populaire et non par le Rassemblement National, ça ne me pose aucun problème éthique de voter cette motion.
La possible chute du gouvernement Barnier pourrait survenir dès ce début de semaine.