Yaël Braun-Pivet, nommée ministre des Outre-mer il y a un mois a toutes les chances de devenir présidente de l’Assemblée nationale. Elle est la candidate de la majorité présidentielle au perchoir, selon le vocabulaire utilisé au Palais Bourbon. Il est d’usage que cette fonction, la quatrième dans l’ordre protocolaire de la République, soit attribuée au groupe majoritaire.
La probable future présidente de l’Assemblée nationale est la première femme à occuper cette fonction aussi prestigieuse que stratégique dans l’architecture institutionnelle. Elle va donc démissionner du gouvernement mardi prochain. Elle s’est déclaré candidate quelques minutes seulement avant l’heure limite. La députée de la 5e circonscription des Yvelines depuis 2017 a préféré devancer son éventuel départ du futur gouvernement qui sera constitué dans les prochains jours.
A moins qu’elle ne se sente pas vraiment concernée par nos territoires et les 2 millions et demi de citoyens français qui y vivent, travaillent et espèrent. Elle ne serait pas la première dans cet état d’esprit au sein du personnel politique parisien. Mais qui peut en vouloir à quiconque de préférer la présidence des députés à un strapontin ministériel ?
Car, en vrai, quelle est l’utilité du ministère des Outre-mer ? Le dixième seulement des dépenses de l’Etat dans ses territoires périphériques y transite. L’essentiel des crédits est ventilé par les ministères stratégiques : santé, justice, éducation, agriculture.
Des volontaires du RSMA pour débarrasser la forêt de la sonde, une espèce exotique envahissante. • ©Thierry Sokkan
Le ministère de l’Outre-mer finance essentiellement le service militaire adapté et le logement social. Sa principale mission est la coordination de l’action de l’Etat dans nos collectivités. Sa mission seconde, moins connue, est celle d’être une sorte d’ambassade de nos élus auprès du gouvernement.
Or, les relations directes entre les élus de nos territoires et les membres des cabinets ministériels sont fluides et efficaces. Nos parlementaires, nos maires et nos présidents de communautés d’agglomérations n’ont plus besoin de passer par le filtre de Medetom. Et ils ne s’en privent pas.
Travail de sape des milieux conservateurs
L’autre raison qui milite pour la suppression de ce ministère réside dans son incapacité à résister au travail de sape des milieux conservateurs qui refusent la modernisation de nos économies. Les ministres successifs n’ont cessé de se conformer aux souhaits de ceux qui tiennent les manettes, sans même s’en cacher, parfois.
N’est pas Victorin Lurel qui veut. Ministre en 2012, il a réussi à faire voter une loi mettant fin aux monopoles et aux oligopoles. Il a subi les foudres des grandes entreprises. Elles y ont vu une remise en cause de leur domination. Cette loi est restée lettre morte. Les archaïsmes de nos économies persistent.
La question n’étant pas à l’ordre du jour, nous attendons un nouveau ministre des Outre-mer. Il ou elle ne sera pas sûrement pas issu de nos pays. Les résultats obtenus par la majorité à la présidentielle et aux législatives illustre assez bien le dialogue de sourds entre nos peuples, nos entrepreneurs, nos élus d’une part et l’équipe en place depuis 2017 d’autre part.
Au lieu de s’intéresser à son identité politique, il s’agit de savoir quelle politique il ou elle voudra mener. Si toutefois il existe vraiment une politique pour l’Outre-mer.