Adonis : une carte interactive des pesticides en France et, désormais, en Outre-mer

Zoom sur la Guadeloupe, avec les Indicateurs de fréquence de traitement (IFT) par herbicide moyens par commune, en 2022.
L’association Solagro a développé la carte Adonis, qui permet de scruter l’utilisation des pesticides, en France, commune par commune. Des informations sont notamment délivrées sur les indices de fréquences de traitement localisés. Cet outil s’étend désormais aux Outre-mer.

La dernière mise à jour de la carte Adonis remonte au 19 novembre 2024. Cet outil, développé par l’association Solagro en 2022, s’intéresse désormais aux départements et régions d’Outre-mer : la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane, La Réunion et Mayotte.
Il scrute l’utilisation des pesticides en France, notamment la fréquence de traitement phytosanitaire (herbicides, insecticides, fongicides, traitements de semences, autres) des surfaces agricoles. Les données peuvent être consultées commune par commune, sur cette carte interactive. De quoi offrir une vision plus pertinente des pratiques de chaque territoire. C’est essentiel pour déterminer l’impact des pesticides et inciter à une transition vers une agriculture durable.

Zoom sur l’utilisation des pesticides en Outre-mer

En Guadeloupe, l'Indicateur de fréquence de traitement (IFT), qui correspond au nombre de doses de produits phytosanitaires appliquées par hectare pendant une campagne culturale, est nul dans quatre communes : Deshaies, La Désirade, Terre-de-Haut et Terre-de-Bas. En raison de l’absence de surface agricole sur leur territoire, deux autres communes se distinguent : Pointe-à-Pitre et Vieux-Fort.

Localement, Adonis se penche, par exemple, sur la canne-à-sucre et la banane.

La canne représente 30% de la surface agricole cultivée des territoires ultramarins étudiés, dont plus de la moitié se trouve à La Réunion et plus d’un tiers en Guadeloupe. Dans les terres concernées, Adonis montre un fort recours aux herbicides, soit 53% de l’ensemble des pesticides étudiés en Outre-mer.

Concernant la banane, la Guadeloupe et la Martinique ont subi la pollution par la molécule Chlordécone, pendant 20 ans, entre 1972 et 1993. Depuis, les pratiques ont évolué et des améliorations sont visibles. En Guadeloupe, les IFT ont baissé de plus de 50%, depuis 2012. En Martinique, en revanche, les indicateurs restent élevés.

À Mayotte et en Guyane, les systèmes agricoles, agroforestiers et vivriers prédominent. Ils permettent un usage réduit des pesticides.

À la Réunion, 40% du territoire est classé en cœur de Parc national. L’Agroforesterie apparaît comme une solution ; elle permet la diversité, l’absence de recours aux intrants et une gestion de l’espace, à long terme, favorable à sa restauration biologique.

Une carte reconnue pour son intérêt

Adonis, carte de France des pesticides, plaît. Cette connaissance majeure est désormais disponible pour tous et, en particulier, à destination des scientifiques et des responsables politiques nationales et européennes.

Ses créateurs ont reçu plus de 400 demandes de réutilisation des données brutes, pour ouvrir des champs de recherche, ou croiser des informations, avec des données satellitaires et environnementales.

NOTA BENE/
Adonis, c’est le nom de la plus emblématique des plantes messicoles, dont on déplore la disparition quasi-totale dans l’Hexagone, conséquence d’une utilisation généralisée des herbicides. "La présence de messicoles est un bon indicateur de la faible ou de la non-utilisation de pesticides dans les céréales à paille", explique Solagro, acteur majeur de la préservation de la biodiversité.