Affaire de la dédicace Onesta/Dinart : nouvel exemple de banalisation du racisme ?

JO 2016 de Rio : Didier Dinart était alors adjoint du sélectionneur Claude Onesta
Le Guadeloupéen Didier Dinard, a été comparé à un "esclave ayant bien profité de sa libération", par son prédécesseur en tant que sélectionneur de l’équipe de France de Hand, Claude Onesta. La ministre des sports s'est dite "très étonnée" de ces mots, qui lui  "paraissent au mieux maladroits".

L'affaire aurait pu ne jamais être dévoilée au grand jour. D'ailleurs, des voix s'élèvent pour dire qu'il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Le racisme ordinaire a parfois tendance à passer inaperçu, dans l'Hexagone.

A contrario, une tranche des commentateurs crie au scandale.
 

C'était en 2014...

La phrase qui crée tant d'émoi, aujourd'hui, a été écrite de la main de l'ancien sélectionneur de l'équipe de France de handball, en 2014. Dans son propre livre "Le règne des affranchis", Claude Onesta a adressé cette dédicace à celui qui deviendra son successeur, le Guadeloupéen Didier Dinart :

A Didier, l’esclave qui a le plus profité de sa libération. En espérant qu’il ne remette pas les chaines à ses joueurs ! Amitiés

Une boutade, pour les uns. Des propos à forte connotation raciste, pour d'autres.
Le fait est qu'à l'époque, Didier Dinart a choisi de taire cette histoire.


Le bad buzz du moment.

Cette dédicace a subitement refait surface, 6 ans après les faits, suite à une publication du site d'actualité ultramarine bondamanjak.com.
Cela, au point d'enflammer les réseaux sociaux et d'intéresser l'ensemble des médias, jusqu'en Espagne, où le Guadeloupéen a évolué durant près de 9 années. Le racisme dans le sport est un sujet tristement récurrent et cette affaire est, par beaucoup, rangée dans la même catégorie.

Il se dit que les deux hommes ne s'apprécient pas beaucoup, malgré le beau palmarès commun ; les autres commentaires vont bon train. Au final, l'histoire risque d'entacher l'image de Claude Onesta, désormais manager général de la haute performance à l'Agence nationale du sport (ANS). Elle va aussi ébranler le handball français et particulièrement sa fédération, en pleine campagne pour l'élection du futur président.
 

Les réactions

Maintenant que ces propos - qui peuvent, donc, être considérés comme inacceptables et condamnables - sont publics, qu'en fait-on ?

La ministre des sports a choisi de minimiser. Son entourage a indiqué à l'AFP que :

La ministre des Sports a été très étonnée des mots qu'elle a pu lire. Des mots qui paraissent au mieux maladroits. Elle a l'intention de s'entretenir très rapidement avec les deux hommes.


Didier Dinart, quant à lui, s'est dit prêt à rencontrer Roxana Maracineanu. Sans davantage de commentaire, joint par Alain Rosalie, il a confirmé l’existence de cette dédicace et espère une réaction des autorités.

En revanche, Claude Onesta, pointé du doigt, s'est lui emporté :

La ministre souhaite ce qu'elle veut, moi je n'ai pas à donner suite à cette situation, ni avec Didier Dinart ni avec personne. (...)
Il n'y a aucune ambiguïté. Ça fait référence à quelqu'un qui était mon adjoint, que j'ai installé dans cette situation là, qui ensuite a été installé pour prendre ma suite. Si j'avais eu quelques relents racistes le concernant, ce n'est certainement pas lui que j'aurais sollicité, et à qui j'aurais laissé les clés du camion.

Claude Onesta qui laisse aussi entendre que l'apparition subite de cette dédicace pourrait être l'expression de l'amertume de son successeur, écarté de son poste de sélectionneur en 2020, faute de résultats satisfaisants, notamment à l'Euro.

Le président de la fédération française de Handball, Joël Delplanque, avoue que les mots sont inacceptables, mais s’interroge sur cette affaire, qui relève de la sphère privée. Il a été joint par Alain Rosalie :

Joël Delplanque - affaire dédicace Onesta/Dinart