L’agro-transformation à partir de produits locaux est l’un des secteurs à développer, pour aller vers l’autosuffisance alimentaire de l’archipel.
L’Interprofession guadeloupéenne des fruits, légumes et horticulture (Iguaflhor) a réalisé une étude sur l’approvisionnement des professionnels de cette filière, via le cabinet ACD Consultants ; les conclusions ont été rendues cette semaine (jeudi 5 octobre 2023), à la Chambre d’agriculture.
Mise en évidence du manque de matière première
85 agro-transformateurs ont participé aux travaux de l’Iguaflhor, à travers notamment des ateliers participatifs.
Le principal frein au développement de leurs activités est la difficulté à s’approvisionner en matières premières locales. La majeure partie des carottes, de gingembre, des goyaves, ou encore les prunes de cythère, sont des produits importés.
Nous sommes loin d’atteindre, sur le marché local, 20% (...). Ça fait plus de 25 ans qu’on est sur le marché et, effectivement, antérieurement, on avait beaucoup plus de matières premières locales. Mais aujourd’hui, nous sommes loin du compte.
Georges Anaïs, producteur des jus de fruits "Passion Créole"
Rudy Nabis, lui, a lancé, en décembre dernier, une gamme de farines locales, de sirops, d'épices en poudre et de confiseries, à base de gingembre et curcuma. Ses besoins et attentes sont nombreux :
Il y a la problématique du local de transformation, du laboratoire, qui doit être aux normes et dont dépend aussi l’autorisation de mise sur le marché, donc la commercialisation des produits (...).
Rudy Nabis, créateur des produits "Arômes Intenses"
Un plan d’actions préconisées
La Guadeloupe compte quelque 500 agro-transformateurs, qui travaillent plus de 75 produits : fruits, légumes, racines, fleurs et plantes aromatiques.
Comme le disaient les professionnels, ci-dessus, outre les difficultés à s’approvisionner en matières premières locales, ils peinent à investir dans des outils de production adaptés.
Pour dynamiser le secteur, l’Iguaflhor et ACD Consultants proposent un plan d’actions avec, parmi les orientations préconisées, une mise en commun d’équipements, ou encore le travail en réseau.
Par exemple, comme action identifiée comme importante et prioritaire, nous avons la construction d’un groupement qui fédérerait les agro-transformateurs sur l’île (...). Nous avons également la mutualisation des moyens, comme, par exemple, les commandes groupées d’emballages ou les mutualisations d’ateliers de production, ce qui permettrait de limiter les charges (...).
Laure De Roffignac, co-gérante d’ACD Consultants
Il est aussi question de la création d’une usine de pré-transformation. Et, justement, le projet "Lizin Santral", qui doit voir le jour dans le Nord Grande-Terre d’ici 2024, peut répondre à ce besoin.
"Lizin Santral" pourrait faire les premières étapes de pré-transformation, s’agissant de la désinfection, du blanchiment, de la coupe... et les agro-transformateurs s’inscrivent dans la valorisation et les process plus compliqués, qui donnent de la valeur à leurs produits. C’est vraiment un maillon de la chaîne qu’on va proposer (...)
Yannick Boc, chargée de mission à la direction agroéconomie de la CANGT
Par ailleurs, le développement de l’agriculture, ou encore le nettoyage des fruits et légumes, en vue de leur transformation, vont de pair avec la disponibilité d’eau en qualité et en quantité suffisantes, sur le territoire. Mais cela, c’est un autre gros dossier, qui prendra du temps à être définitivement traité.