Le Premier ministre d'Antigua-et-Barbuda, Gaston Browne, a livré un discours à la nation, mardi 20 août, dénonçant l’impunité dont bénéficient près de 500 récidivistes "qui errent dans les rues du pays, souvent armés et dangereux".
Cette intervention survient dans un climat de choc et d’indignation suscités par le meurtre brutal d'une adolescente de 15 ans, retrouvée mutilée sur Runaway Beach, plage au nord-ouest de l'île d'Antigua. Ce crime, le 10e enregistré depuis le début de l'année, a profondément ébranlé la communauté.
Un crime violent et une victime mineure
Le corps sans vie de l'adolescente a été découvert dimanche matin (18 août 2024) sur la plage, peu avant 6 heures. Les premiers éléments relatés par les médias ont laissé entrevoir l'horreur d'une attaque d’une violence extrême. La jeune fille portait de profondes lacérations au visage et à la tête, et son corps présentait des mutilations : une partie de son oreille avait été sectionnée et une de ses mains avait été complètement coupée, probablement avec un coutelas, selon des experts en criminalité.
L’atrocité de ce meurtre a bouleversé le pays, d'autant plus que des images de la scène du crime ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, ajoutant à la douleur de la famille. Celle-ci a exprimé son traumatisme face à la diffusion de ces photos, dénonçant l’insensibilité de ceux qui les ont partagées. Les proches de l'adolescente ont appelé à ce que ces images ne soient plus diffusées et demandé à la population de se concentrer sur la coopération avec la police pour retrouver le ou les meurtriers.
La criminalité armée, "épidémie de santé publique" dans la Caraïbe, selon Browne
Face à l’indignation générale, le Premier ministre Browne a promis de renforcer la répression contre la criminalité, en particulier celle liée aux armes à feu. Il a dénoncé l’attitude du système judiciaire, qualifiant de "surprenantes" certaines décisions de justice qui ont permis la libération sous caution de criminels endurcis.
Il y a actuellement 474 récidivistes qui sillonnent nos rues en toute impunité. Un nombre important d’entre eux sont en liberté sous caution, armés et dangereux.
Gaston Browne, Premier ministre d'Antigua-et-Barbuda
Le Premier ministre n’a pas mâché ses mots, qualifiant la criminalité armée dans les Caraïbes d’"épidémie de santé publique".
Il a exhorté les autorités judiciaires à adopter des sanctions plus sévères, y compris des peines de prison obligatoires pour les délits liés aux armes à feu.
Plusieurs mesures annoncées
Pour contrer cette montée de la violence, Gaston Browne a annoncé une série de mesures, incluant l’acquisition de nouveaux équipements pour la police, tels que des navires pour intercepter les bateaux de contrebande, 10 nouveaux drones pour la surveillance aérienne, et l’installation de plus de caméras de sécurité dans les rues. Le gouvernement a également recruté 140 nouveaux officiers de police et prévoit d'augmenter les capacités de détection des armes à feu grâce à des chiens spécialement formés.
Le Premier ministre a aussi évoqué l'introduction d'une législation pour instaurer un couvre-feu pour les mineurs et la création d’un centre de détention pour jeunes délinquants.
Ces initiatives s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à endiguer la violence des gangs, avec la mise en place d’une unité antigang et l’introduction de programmes éducatifs dans les écoles pour dissuader les jeunes de rejoindre ces groupes criminels.
Gaston Browne a conclu son discours en appelant à une solidarité nationale, soulignant que la lutte contre la criminalité commence au sein des foyers. Il a exhorté les parents, les églises et les communautés à se mobiliser pour prévenir la violence.