Après un report, Louis Molinié de retour au tribunal

C’est ce jeudi que s'ouvre le procès de Louis Molinié. Le maire de Terre-de-Haut et 6 autres personnes sont poursuivis devant le tribunal correctionnel de Basse-Terre pour détournement de fonds publics, favoritisme, blanchiment et recel de ces infractions.
L’affaire avait déjà été appelée à la barre, il y a un mois de cela. L’audience avait été reportée en raison de l’absence de l’avocat de Louis Molinié.

Que reproche-t-on exactement à Louis Molinié ?

Tout d’abord, d’avoir une lecture très particulière du code des marchés publics.
Ainsi 38 particuliers ont bénéficié de travaux de rénovation de leur domicile prétendument insalubre.
Au total, la facture dépasse 1,4 million d’euros, entièrement payée par la commune. Travaux sans appel d’offres, mise en concurrence ou encore dossier d’instruction. Il suffisait que le devis ne dépasse pas 70 000 euros et le tour était joué.
Pas d’appels d’offres non plus pour l’organisation d’évènements festifs, soit la bagatelle de près de 430 000 euros entre 2012 et 2016.
Louis Molinié était également le meilleur supporter de l’AJSS, le club de foot de l’île.  La commune a ainsi pris en charge deux emplois fictifs et 116 000 euros de facture diverses.
Enfin, le maire de Terre-de-Haut s’est fait rembourser quelques menues dépenses personnelles comme 911 bouteilles de champagne Ruinart et Mumm, l’achat d’un véhicule haut de gamme, des factures d’essences et des voyages… Le tout sans l’aval de son conseil municipal.
 

Louis Molinié se défend de tout enrichissement personnel

Tout en reconnaissant l’ensemble des faits qui lui sont reprochés, Louis Molinié a adopté une défense à deux niveaux devant les enquêteurs.
"Ce que j’ai fait, je l’ai fait pour aider ma commune sur le plan économique, touristique, sportif, social et festif" a –t-il notamment déclaré.
Ensuite, le maire de Terre de Haut s’est présenté comme une victime. Victime de lui-même tout d’abord, "Je ne sais pas dire non".  Victime de ses administrés qui le harcelaient pour qu’il fasse effectuer ces fameux travaux de rénovation.
Victime ensuite de ses conseillers municipaux qui ne voyaient que leur intérêt personnel. "Si je donne à l’un, il faut que je donne à l’autre", a expliqué Louis Molinié.
Victime enfin de l’Etat. Ses services ne jouent pas leur rôle. "Ils auraient dû me dire de ne pas faire cela", a-t-il ajouté.
C’est à se demander si Louis Molinié a pris le temps de lire les avis que lui adresse la Chambre régionale des Comptes depuis 2003. Le dernier en date indiquait que le déficit de Terre-de-Haut dépassait les 5,7 millions d’euros.
Les magistrats ajoutaient même que la gestion actuelle s’apparente à de la prédation économique.