Aux côtés du secrétaire d'Etat américain, le président dominicain ouvert à "normaliser" les relations avec Haïti

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken (à gauche) et le président de la République dominicaine Luis Abinader tiennent une conférence de presse conjointe au Palais national de Saint-Domingue - 06/09/2024.
Le président dominicain Luis Abinader, qui défend une ligne dure à l'égard d'Haïti, s'est dit, vendredi (6 septembre 2024), ouvert à une normalisation des relations avec ce pays voisin pauvre, à condition que la sécurité s'améliore. Déclaration faite lors d'une conférence de presse avec le secrétaire d'Etat américain.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a rappelé que la crise haïtienne avait des "répercussions" dans tout "l'hémisphère", vendredi, lors d’une conférence de presse commune avec le président dominicain Luis Abinader. Ce dernier s’est dit prêt à "normaliser" les relations entre son pays et son voisin de l’île d’Hispaniola, Haïti.

Nous avons parlé [avec Antony Blinken] de la question d'Haïti et des défis que nous avons à relever. Notre intention est d'essayer de normaliser la situation autant que possible, mais toujours en respectant la sécurité des Dominicains (...). Grâce aux efforts des Etats-Unis, nous avons une force de paix en Haïti. Dans la mesure, où ils [Haïti] peuvent progresser dans leur sécurité interne, nous pouvons également progresser dans la normalisation des relations, telles que l'ouverture des voyages.

Luis Abinader, président de la République dominicaine

La frontière terrestre entre les deux pays est, en effet, fermée depuis septembre 2023 et un différend sur le cours d'eau frontalier, la Rivière du Massacre (ou Rio Dajabon), avec néanmoins des exceptions pour la tenue de marchés. Les vols entre les deux pays sont aussi suspendus.

Luis Abinader, qui a fait des relations avec Haïti un de ses chevaux de bataille, tient fréquemment des discours musclés sur l'immigration haïtienne et fait construire un mur le long de la frontière entre les deux pays. Il a fait expulser, l'année dernière, plus de 250.000 Haïtiens, ce qui a conduit l'ONG Amnesty International à accuser la République dominicaine de racisme.

La crise haïtienne "a des conséquences et des répercussions dans tout l'hémisphère, à commencer par la République dominicaine et les États-Unis. Nous avons donc tout intérêt à aider Haïti à s'en sortir", a rappelé Antony Blinken. Le chef de la diplomatie américaine, qui était jeudi à Port-au-Prince, pour une visite éclair exceptionnelle, a exprimé l'espoir de voir Haïti progresser, grâce aux efforts déployés par une nouvelle force de sécurité internationale dirigée par le Kenya et largement financée par les Etats-Unis.
Le diplomate américain a aussi salué le bilan de Luis Abinader dans son pays, affirmant que ce dernier avait fait preuve d'une "véritable capacité à diriger" avec sa lutte contre la corruption et sa garantie d'une bonne gestion des affaires publiques.

Les deux responsables ont également évoqué le prochain sommet des Amériques, qui se tiendra l'année prochaine en République dominicaine.