Affaire "Dimitri Errin" aux Assises : portraits croisés du tireur et de sa victime

Le procès aux Assises, au palais de justice de Basse-Terre, suit son court. Ce mercredi 13 septembre, le tireur présumé et sa victime ont été décrits, par leurs proches. Une affaire dans laquelle, des jeunes apparemment sans histoire ont commis l'irréparable.
Mercredi 23 septembre 2020, à l'occasion du troisième jour du procès, dans l'affaire du meurtre de Dimitri Errin, en mars 2016, au Moule, le portrait de la victime a notamment été dressé : celui d'un homme qui voulait se sortir de la spirale de la violence, de la drogue et de la délinquance, après ses 14 condamnations et ses multiples évasions.
Un garçon, qui a été froidement assassiné, par au moins un membre d'une bande de sept co-accusés, des connaissances qui avaient pour point commun d'avoir des griefs contre le même individu : Dimitri. Celui-ci inspirait la peur à certains, tandis que d'autres voulaient se venger de ses mauvais traitements et de vols présumés.
 

Compte-rendu d'audience

L'image, jusqu'ici présentée de sept gentils ayant enlevé, torturé et assassiné un méchant a été écornée.
L'expert de la gendarmerie a présenté la scène du crime, rapport de balistique à l'appui. Deux coups de fusil de chasse ont été tirés, à bout portant, dans la bouche de la victime.

Un seul des sept individus poursuivis a tiré.
D'où le désarmant portrait croisé de deux protagonistes de l'affaire.

Parmi les témoignages du jour : celui d'une petite dame, habillée de blanc, en dentelle, qui est venue parler de son Guy-Georges DE LACAZE. Elle est la maman du tireur présumé (qui a avoué les faits). Elle a décrit son fils avec des mots d'amour, ceux d'une mère ; dans son vocabulaire décrivant le garçon, les mots "bonté", "gentillesse", "altruisme", "serviable". Un témoignage corroboré par d'autres, venus à la barre.
Cette maman a demandé pardon à la famille de Dimitri. Elle connaissait la victime, pour l'avoir accueilli chez elle, l'avoir nourri en lui donnant des victuailles, quand il avait faim.

Je donnerais ma vie, pour que Dimitri revienne.

Maman de Guy-Georges De Lacaze

Selon sa version des faits, en éliminant la victime, Guy-Georges a voulu empêcher Dimitri de mettre à exécutions ses menaces de meurtre et de viol, contre sa famille, dont sa petite sœur en situation de handicap. Il a prétexté avoir eu peur.

La longue journée d'audience s'est achevée par la prise de parole d'Audrey ; la fiancée de Dimitri s'est exprimée en sanglotant. Elle a raconté le film, très violent, de l'enlèvement nocturne de son compagnon, par deux hommes et une femme. Elle y a assisté. Elle a d'ailleurs identifié Allénor FREMAUX, ex-petite amie de la victime. Celle-ci réclame 3000 euros qui lui auraient été volés, tandis que ces deux complices attachent Dimitri et le jettent dans le coffre d'une voiture, avant de partir, dans la nuit.
Audrey a raconté, à son tour, son Dimitri : il était revenu chez elle, depuis quelques semaines, en mars 2016. Il voulait arrêter les bêtises, la drogue, la violence, les vols... et elle l'a cru.
L'autopsie de Dimitri révèlera, tout de même, qu'il était sous l'emprise de la cocaïne, au moment de son rapt.
 

Des jeunes de "bonnes familles" sur le banc des accusés

Dans cette affaire sordide, ce sont de jeunes Guadeloupéens sans histoire qui sont dans le box des accusés. Des individus bien insérés, dans la société, mais qui ont eu un geste malheureux... C'est, en tout cas, le point de vue de Maître Laurenza Bourjac, avocate de la défense, qui répond à Ronan Ponnet :

Maître Laurenza BOURJAC