Jade Gallet a déposé plainte, à titre individuel, contre le Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG), pour des coupures prolongées d’eau. Cette habitante de Deshaies a subi, comme les autres résidents de la commune, une semaine sans eau au robinet, début juillet 2024. C’était dans le contexte de fin de contrat de Délégation de service public (DSP) de l’eau potable passé entre la municipalité de Deshaies et la régie "Eaux Nodis". Les agents de ce prestataire demandaient, depuis plusieurs jours, plus de transparence et de communication de la part du SMGEAG, dont ils devaient dépendre à compter du 1er juillet. Leur mouvement de grève a perturbé la distribution de l’eau.
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Ça a commencé par une pénurie d’eau au niveau des écoles, après la fermeture des services publics et, petit à petit, l’eau se fermait sur toutes les zones de la commune de Deshaies. Et nous nous sommes retrouvés sans eau pendant plusieurs jours. Donc, quand j’ai vu que, un jour, deux jours, trois jours passaient, ou quatre, là, je me suis dit il faut que je fasse quelque chose, ayant déjà été très militante auprès de certaines associations de l’eau.
Jade Gallet, plaignante
Jade a donc déposé plainte le 5 juillet, pour coupure d’eau.
Elle ne pointe pas du doigt les grévistes, dont les revendications lui semblaient être légitimes.
On n’a pas le droit de couper l’eau, quoi qu’il arrive, même pour un mouvement social. Le préfet doit faire une réquisition pour alimenter, ou remplacer le personnel qui était en grève, qui souhaitait être repris à la fin de la DSP d’Eaux Nodis, dans les mêmes conditions, avec les mêmes avantages et, apparemment, ce n’était pas le cas. Donc, ils étaient dans leur droit de grève. Mais, il y a eu un temps très long de réaction
Jade Gallet, plaignante
La procédure entamée par Jade Gallet est une démarche individuelle ; elle a porté plainte en son nom, contre le SMGEAG et contre le directeur du syndicat.
Je me suis rendue à la gendarmerie. La gendarmerie m’a reçue très très bien et m’a donné toutes les consignes pour faire au mieux cette plainte, que j’ai préféré envoyer manuscrite au procureur de la République, en recommandé.
Jade Gallet, plaignante
La plaignante a été surprise de recevoir à son tour un courrier recommandé ; il s’agissait d’une convocation pour une audience publique.
J’en suis ravie, parce que je vais pouvoir expliquer ce problème d’eau que nous, nous ne connaissons que très peu sur cette commune, mais qui impacte toute la Guadeloupe. Je suis toute contente de pouvoir apporter une pierre à cet édifice. Je ne fais pas ça pour demander des réparations, ou des dommages et intérêts, mais j’ai besoin de porter ma voix sur l’eau. Pour moi, l’eau c’est la vie et on n’a pas le droit de nous l’enlever. J’ai pu voir des familles plusieurs jours sans eau, avec des problèmes de santé après (crises d’asthme, angoisse...). Ils passaient leurs examens les jeunes, à ce moment-là, en plus ! Donc c’était terrible.
Jade Gallet, plaignante
Certes, Deshaies ne subissait pratiquement jamais de coupures d’eau sous l’ère Eaux’Nodis, contrairement à d’autres communes de l’archipel régulièrement concernées.
Le fait est que le SMGEAG n'est pas en capacité d'alimenter l'ensemble de ses abonnés en permanence ; ce pour diverses raisons. Les coupures sont expliquées par les mouvements sociaux, les épisodes de contamination, les cas de turbidité post-évènement météorologique, les pénuries dues à la sécheresse, ou encore des chantiers de réfection des réseaux.