Thierry Lambert, son épouse enceinte et leurs deux enfants vivent sous une tente depuis le mois de mai 2023, selon le témoignage du couple. Ils disent loger dans cette installation de fortune, sur un terrain familial de la section Rifflet, à Deshaies. Pendant ce temps, leurs biens, une maison et un studio attenant situés à Lamentin et fruit d’un héritage, sont occupés par des locataires dont le bail est arrivé à son terme en octobre dernier. Ces derniers ne paient plus le loyer depuis près de 8 mois et refusent de quitter les lieux, affirment les propriétaires qui se disent spoliés.
Les occupants profitent d’une piscine et d’un spa, notamment.
Forcément c’est moi qui paie les charges ! Leur location était toutes charges comprises (eau, électricité, internet). Au regard de la loi, ce ne sont plus des locataires ; ils sont locataires, mais sans titre, ni droit. C’est-à-dire que leur contrat a pris fin, ils ont reçu un congé en bonne et due forme et ils refusent, malgré ce congé, de quitter le logement (...). Il y a deux logements : le premier est loué à la maman, le deuxième à la fille et personne ne paie ses loyers. Donc, comme nous vivons, ma famille et moi, des revenus locatifs, maintenant, on n’a rien ! Et ces gens se maintiennent abusivement dans notre logement.
Thierry Lambert, père de famille sans abris
Et pour enfoncer le clou, les locataires sous-louent le bien :
Ces personnes communiquent sur les réseaux sociaux. Ils louent notre maison à qui veut, avec spa illimité, charges illimitées. Régulièrement, ils mettent des messages, "maison à sous louer", etc. Ils nous ont mis dans la misère totale. Il faut comprendre que pendant que ces personnes font bombance dans cette maison, avec ma famille parce que nous en sommes arrivés à avoir tous nos moyens de paiement coupés, parce que nous n’avons pas d’argent. Je n’ai plus de mutuelle.
Thierry Lambert, père de famille sans abris
Les propriétaires affirment vivre avec 70€ d’allocations chômage mensuelles, parce qu’ils déclarent leurs revenus locatifs... qu’ils ne touchent pas.
La situation de cette famille a été révélée par Le collectif de défense mobile (LCDM), association présidée par Hubert Quiaba, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, au lendemain de Noël, le mardi 26 décembre 2023.
Mobilisation, après que l’affaire a été révélée
Ce mercredi, le maire de Deshaies a réagi, en proposant à cette famille en détresse de se rapprocher du Centre communal d’action sociale (CCAS), afin d’être accompagnée vers "une résolution rapide de cette situation qui ne saurait durer". Jeanny Marc apporte, par ailleurs, "son soutien à la famille Lambert qui se trouve aujourd’hui dans une situation non seulement déroutante, mais d’autant plus inconcevable dans notre pays Guadeloupe".
Dans la foulée aussi, une mobilisation populaire a été organisée, à l’initiative du LCDM, devant la maison de Lamentin. Objectif des participants : déloger les squatteurs, afin que les Lambert ne passent pas un jour de plus sous la tente. Ils étaient une quarantaine de militants. Pour tous, l’inacceptable est atteint.
La persistance des locataires indélicats, notamment dans ce qui est décrit comme un comportement méprisant, tant envers les Lambert que vis-à-vis du voisinage (vidéos des derniers jours à l’appui), fait grincer des dents.
Ils consommeraient sans compter, en laissant la climatisation tourner à plein régime, ou encore en laissant toutes les lumières allumées continuellement, aux frais des propriétaires.
Le fait que ces personnes ne soient pas du "pays Guadeloupe" amplifie la colère des soutiens à la famille.
Quoi qu’il en soit, Thierry Lambert a très tôt annoncé la couleur, aujourd’hui :
Je suis ici avec la ferme intention de rentrer chez moi.
Thierry Lambert, père de famille sans abris
Mais non, à cette heure. Il a été question, un temps, de permettre à la famille Lambert d’intégrer au moins le studio ; mais non. Le préfet aurait proposé une solution de relogement ailleurs ; proposition rejetée, car jugée inacceptable.
Le projet de la famille Lambert est de vendre le bien, dès sa récupération, afin de repartir dans l’Hexagone, pour y reprendre sa vie.
Les forces de l’ordre présentes "enfin"
Thierry Lambert avait déjà fait part de ses problèmes auprès de la gendarmerie, en vain.
J’ai été même bousculé, violenté par ces locataires, par ces personnes. Donc, j’ai été plusieurs fois exprimer les difficultés que nous rencontrons, plusieurs fois parler de notre détresse, plusieurs fois leur dire que j’ai une famille, que j’ai une femme, j’ai deux enfants à nourrir et que ces personnes abusivement ne paient pas les loyers comme leur contrat le prévoit. Rien n’a été fait.
Thierry Lambert, père de famille sans abris
Ce 27 décembre, les gendarmes sont arrivés en nombre sur place, dès le matin ; des militaires se relaient au fil de la journée.
Ils sont face aux quelques Guadeloupéens venus soutenir le propriétaire.
On a été quand même jusqu’à 5 fourgons de gendarmerie, sur place. Il y avait même plus de gendarmes que de personnes mobilisées, à un certain moment. Et, donc, voilà, on se rend bien compte que, moi, quand je vais dire ma souffrance, en tant que citoyen, personne ne bouge. Par contre, quand ces personnes, qui sont des voleurs, des menteurs et qui ont un manque de respect total pour la population guadeloupéenne, tout de suite, les gendarmes sont arrivés et ils verrouillent notre action.
Thierry Lambert, père de famille sans abris
Faute de moyens financiers, les Lambert n’ont pas la capacité de répliquer, juridiquement parlant.
Mais, de leur point de vue, leurs adversaires maîtrisent leur sujet, ils vont au bout de leur projet, selon le père de famille : leur nuire et les appauvrir, afin de les rendre impuissants... et vivre à leur aise.
À VOIR AUSSI/ Le reportage d'Alexandre Houda et Olivier Duflo :