Bouclier Qualité Prix : une belle promesse, mais difficile à tenir

Le bouclier qualité prix se voulait gage de produits attractifs pour toutes les bourses. Dans les faits, le compte n'y est pas toujours.
Le Bouclier Qualité Prix (BQP) promet des produits de première nécessité à des prix bloqués, pour lutter contre la vie chère. Mais, entre rareté en rayon, qualité inégale et choix discutables, ce dispositif peine à convaincre.

Un affichage rouge bien visible signalant un produit du Bouclier Qualité prix. Le gage d’un prix abordable et d’une réponse aux besoins essentiels des consommateurs. Une belle promesse sur le papier. Le dispositif instauré en 2012 par l’Etat est renouvelé chaque année. Pour la version 2024, les enseignes comprises entre 1 000 et plus de 2 000 m2, proposent 105 articles allant de l’alimentaire à l’équipement de maison, en passant par l’hygiène, pour un total de 314 euros. Cependant, la réalité dans les rayons est toute autre.

Chasse aux trésors dans les allées

Les produits étiquetés "BQP" sont souvent absents des rayons, sans qu’aucune alternative ne soit proposée. Exemple avec un panier standard : steaks hachés, légumes surgelés, yaourts nature, jus de fruits, flocons d’avoine bio et huile de tournesol. Après avoir visité trois grandes surfaces, aucun magasin n’avait l’ensemble des articles. Les trouver tous relève de l’exploration, un effort que peu de clients sont prêts à fournir.

Des produits pas toujours à la hauteur

"J’aurais préféré de l’huile d’olive, c’est mieux pour la santé" ; voilà l’avis tranché d’une cliente, dubitative face à l’huile de tournesol proposé dans le Bouclier Qualité Prix.
En effet, si ce produit répond à une habitude locale, il ne convient pas à tout le monde. L’origine n’est pas indiquée, et cette huile a peu d’intérêt pour les personnes diabétiques ou soucieuses de leur santé, explique la diététicienne Karelle Fernette : "Elles vont plutôt se tourner vers de l’huile de colza, olive, les mélanges 4 huiles".

Côté viande, le produit BQP proposé pour les steaks laisse perplexe la diététicienne. Sur la liste officielle la mention est claire, "des steaks hachés 15% de matières grasses", ce qui suppose un produit pur bœuf. Pourtant, dans le rayon, ce sont des "hachés moelleux", enrichis de protéines de soja qui sont estampillés Bouclier Qualité Prix. Un client secoue la tête : "On ne nous fait pas de cadeau". Pour la spécialiste en nutrition, Karelle Fernette, le contrat n’est pas rempli : "Quand on veut un steak haché, on veut un steak haché. La personne qui ne mange pas de protéines de soja, il faut vraiment qu’elle aille chercher pour voir qu’elle ne doit pas en manger".

Des choix à peaufiner

Les produits laitiers respectent globalement l’intitulé de la liste. Les yaourts nature sont bien "non sucrés". Cependant, en regardant de plus près la composition, ils contiennent 2 grammes de sucre en plus que ceux vendus dans l’Hexagone.
Les jus de fruits, eux aussi, répondent à une habitude de consommation, mais quitte à proposer un produit de qualité, autant choisir un moins sucré. Ceux sélectionnés par les enseignes pour le panier du BQP explosent les taux. Pour Karelle Fernette, il vaut mieux privilégier un prix raisonnable pour les oranges ce qui permettrait au consommateur de faire son propre jus maison tous les jours.

Tout n’est pas à jeter

Dans ce panier, quelques produits tirent leur épingle du jeu. La qualité des légumes surgelés est validée par la diététicienne. Les haricots verts extra-fins et la ratatouille sont sans conservateurs, ni matière grasse. Les flocons d’avoine bio aussi passent le test haut la main, malgré un prix supérieur à deux euros.

Peut mieux faire

Si le Bouclier Qualité Prix reste une idée intéressante pour de nombreux consommateurs, il demeure imparfait. Les produits, lorsqu’ils sont disponibles, peinent à convaincre. Le dispositif a encore une grosse marge d’amélioration. Reste à connaître les conclusions du bilan 2024, qui se font toujours attendre, et la version prévue pour 2025.