Le BRGM, spécialiste des sols

Falaise à recul rapide à Sainte-Marie/Capesterre Belle Eau.
La dangerosité de certains risques qui menacent la Guadeloupe varie en fonction de la nature des sols. A chaque sol, à chaque sous-sol, est associée une manière de construire, pour réduire leur impact.

 
Entretien « Alerte Guadeloupe », avec Ywenn DE LA TORRE, océanographe et directeur régional du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) en Guadeloupe.

Alerte Guadeloupe : Quelle est la mission du BRGM, en Guadeloupe ?

Ywenn DE LA TORRE :
Nous sommes un service public, le service géologique national, un organisme de recherches sur tout ce qui concerne la géologie et les géosciences. En tant que tel, le BRGM accompagne les services de l’Etat, dans la prévention des risques. Il s’agit notamment de cartographier les différents aléas. Si un évènement est imminent, nous pouvons aussi être sollicités, par la préfecture, pour identifier les zones à évacuer en amont. Pendant et après la catastrophe, nous sommes également présents.

Alerte Guadeloupe : La Guadeloupe est menacée par six risques naturels. Quels sont ceux qui occupent votre attention ?

Ywenn DE LA TORRE :
On travaille, au BRGM, sur tous les risques dits « géologiques », donc qui ont un lien avec le sol et le sous-sol : les mouvements de terrain, les séismes, les éruptions volcaniques, l’érosion du littoral et les submersions marines.

Alerte Guadeloupe : Quels types de sols avons-nous dans l’archipel ? Quelles sont leurs caractéristiques ?

Ywenn DE LA TORRE :
La Guadeloupe est très contrastée. Nous avons des environnements  très différents.
La Basse-Terre est volcanique (comme les Saintes) et a beaucoup de reliefs ; c’est sur ce relief, où il pleut le plus, qu’il y a des instabilités de terrains.
Tandis que la Grande-Terre ou encore Marie-Galante sont dites « carbonatées », calcaires. Il y a moins de reliefs. Ces sols sont plus anciens. Il y a moins de mouvements de terrains… ce qui ne veut pas dire qu’il ne s’y passe rien, du point de vue des risques naturels ! Il y en a d’autres.

« A chaque nature de sol, une méthode de construction adaptée pour faire face aux risques »

Alerte Guadeloupe : Est-ce que certains sols sont moins propices à accueillir des constructions ? Ou est-ce qu’il y a des consignes, pour s’adapter à chacun ?

Ywenn DE LA TORRE :
En termes d'aménagement du territoire, il y a des endroits plus compliqués à construire que d’autres, notamment du point de vue sismique.
Sur les sols calcaires, la difficulté est moindre.
Mais, autre exemple, ici, dans nos locaux de Colin/Petit-Bourg*, il y des formations sédimentaires qui pourraient se liquéfier, en cas de séisme. Liquéfaction, cela veut dire que tout le bâtiment pourrait basculer. Pour faire face à ce risque, il y a des normes parasismiques de construction, notamment sur les fondations, qui font que l’on va s’affranchir de cette problématique. Donc, effectivement, il est plus difficile de construire sur ce type de sol, que sur d’autres.

Alerte Guadeloupe : Est-ce que l’érosion du littoral fait partie de la famille des mouvements de terrains ?

Ywenn DE LA TORRE :
L’érosion du littoral peut être associée à un mouvement de terrain, notamment pour ce qui concerne les falaises. Il peut y avoir des chutes de bloc, des glissements ; on se retrouve dans la même catégorie d’instabilité que pour les mouvements de terrains en montagne.
Après il existe des problématiques un peu différentes, notamment sur les côtes basses, comme les plages. L’érosion se caractérise par le sable qui a tendance à partir ; c’est le cas sur de nombreuses plages de Guadeloupe.
 
POUR ALLER PLUS LOIN /
* Le bureau régional du BRGM siège au sein de la zone commerciale de Colin/Petit-Bourg.

A consulter le site de l'antenne régionale du BRGM et InfoTerre qui regroupe l'ensemble des rapports du BRGM.