Brume de sable et météo : quel lien ?

Particules fines et nuages se sont-ils passé le mot pour nous enquiquiner ?!
En juillet et août 2018, si un épisode pluvieux ne nous obligeait pas à rester abrités, la mauvaise qualité de l’air, liée à la brume de poussières désertiques, se chargeait de nous contraindre à rester au calme.


 
Nouvel épisode de brume, depuis samedi 15 septembre 2018.
Idem : durant les grandes vacances scolaires, on a rarement eu l’occasion de profiter d’un parfait soleil et d’un air pur simultanément !
D'où notre question : météo et brume sont-elles liées ?

Entretien « Alerte Guadeloupe », avec Emile ABAUZIT, météorologiste-prévisionniste spécialisé en cyclone et responsable de la communication du centre météorologique Météo France de Guadeloupe.

Extrait de cette interview :

Alerte Guadeloupe : La brume de sable, phénomène météorologique ou climatologique ?
 
Emile ABAUZIT : Les deux ! Ça a toujours existé. La brume de sable vient d’Afrique. Dans les dunes du Sahel ou encore sur le Sahara, i y a des tempêtes de sable, parfois des mouvements tourbillonnaires. Une partie des particules tombe au sol, mais celles, très fines, pratiquement microscopique, montent assez haut, se retrouvent prises dans un tourbillon et sont aspirées par le vent des Alizés. En général, on observe ce phénomène en période pré-cyclonique d’avril à octobre, puis cette brume de sable descend beaucoup plus au Sud, sur la Guyane et l’Amérique du Sud. Or, on a remarqué que les épisodes sont, désormais, plus longs et plus intenses... parfois entrecoupés. Il y a aussi une récurrence plus importante.
Cette année, jusqu’à début août, on a comptabilisé 54 épisodes de brume de sable.

« La brume de sable assèche les masses d’air humides... mais renforce les orages. »

A.G : En quoi la brume de sable influe sur les conditions météo ?

E.A. :
Les particules de la brume de sable sont chaudes et absorbent de l’énergie. Quand elles arrivent dans des masses d’air humide, elles les brûlent. Cela génère de la vaporisation et la masse d’air est asséchée. Donc, plus il y a des brumes de sables condensées, plus ça assèche. Par exemple, le week-end des 4 et 5 août 2018, on a eu un épisode de vigilance ; une onde tropicale assez active s’annonçait. Mais elle a été globalement atténuée, par cette forte brume de sable. Résultat : on a eu moins de pluie !

A.G : Est-ce qu’on peut résumer en disant que la brume nous empoisonne les poumons, mais nous protège des cyclones ?

E.A. :
Non ! (RIRES) Elle accompagne les cyclones. C’est souvent à l’avant, parfois à l’arrière. Après un cyclone, elle est souvent très dense. Mais dans les grosses tempêtes, il y a rarement de la brume de sable.
Donc, ça ne nous protège pas, mais si une brume de sable rattrape une masse d’air, une onde tropicale, ça l’assèche, ça l’affaiblit.
En revanche, en fonction de la latitude, la brume peut aussi renforcer les orages. Puisqu’il y a de l’air sec, de l’air froid, de l’air humide, on peut avoir des orages plus violents. On a alors un orage très électrique... pas un temps pluvieux, mais très électrique, donc dangereux.
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