Campagne sucrière 2021 : l’heure du bilan, après une récolte inédite

Environ 25 000 tonnes de cannes de Marie-Galante ont été transportées jusqu'à Pointe-à-Pitre.
Environ 454 000 tonnes de cannes ont été récoltées au total pour la campagne sucrière 2021, dont 425 000 tonnes en Guadeloupe dite continentale, et 29 000 tonnes seulement à Marie-Galante, où plus de 40 000 tonnes doivent rester sur pied.

La campagne sucrière 2021 est terminée… Les dernières cannes de la Guadeloupe dite continentale ont été livrées dans la nuit de samedi (10 juillet) à dimanche à l’usine Gardel, tout comme celles en provenance de Marie-Galante. Les chiffres définitifs de cette campagne seront établis dans les prochains jours, mais selon un premier bilan, côté agricole, environ 454 000 tonnes de cannes ont été récoltées tous bassins confondus, contre 481 000 tonnes en 2020 (-5,6%). 

Légère hausse du tonnage sur le « continent »

En Guadeloupe dite continentale, où la campagne a démarré le 4 mars, 425 000 tonnes de cannes ont été récoltées en un peu plus de quatre mois, soit à peine 4% de plus qu’en 2020. Comme l’an dernier, la sécheresse a eu un impact sur les rendements, notamment en nord Grande-Terre. Un temps sec, qui en revanche a permis d’obtenir une teneur en sucre correcte. Le taux moyen cumulé de la richesse saccharine devrait approcher les 9 (même si la Basse-Terre enregistre toujours certains scores anormalement bas, selon les planteurs de ce bassin).

40 % des cannes coupées à Marie-Galante

Marie-Galante, quant à elle, aura connu une campagne particulièrement tumultueuse : lancée le 12 avril, et arrêtée deux jours plus tard, à cause de l’incident sur la chaudière de l’usine de Grande-Anse (chaudière rendue hors service). Pour tenter de sauver la récolte, l’option, d’abord contestée et retardée, de transférer les cannes de l’île vers Gardel, a été finalement mise en oeuvre à partir du 21 mai, mais a dû s’achever samedi 10 juillet, avec la fin de la récolte sur le continent. Au final, environ 25 000 tonnes de cannes ont pu être acheminées jusqu’à la sucrerie du Moule. Il faut y ajouter les 4 000 tonnes coupées avant le transfert, sachant qu’une bonne partie n’a pu être valorisée en sucre, mais a dû être jetée par l’usine de Grande-Anse, ou livrée aux distilleries par les planteurs. Le total récolté cette année à Marie-Galante s’établit donc à environ 29 000 tonnes, soit 40 % seulement des 73 000 tonnes prévues en début de saison. 

Indemnisations des cannes restées debout ? 

Autrement dit, quelque 44 000 tonnes (soit 60 % du tas de cannes) vont rester sur pied, alors que leur richesse saccharine était encore très élevée ces derniers jours (taux supérieurs à 9). Se pose désormais la question d’une éventuelle indemnisation partielle du manque à gagner pour les planteurs concernés. Les acteurs de la filière ayant limité les pertes par l’envoi des cannes au Moule (avec le soutien financier de la Région pour le transport maritime, et du Département pour la partie terrestre), les services de l’Etat, qui initialement considéraient inenvisageable toute compensation, seraient aujourd’hui prêts à étudier le dossier…  

De nouveaux dirigeants pour les sucreries

Cette fin de campagne 2021 est par ailleurs marquée par des changements à la tête des deux sucreries de la Guadeloupe. Après trois ans de fonction, Sylvian Icart, directeur délégué de la S.A. Gardel, n’a pas souhaité renouveler son mandat. Il est remplacé par Nicolas Philippot

Du changement également à la tête de la S.A. Sucrerie Rhumerie de Marie-Galante : Michel Claverie, qui était lui aussi en fin de mandat, a souhaité quitter ses fonctions de directeur général, après douze ans de service. Il est remplacé par Stéphane Deniaud, qui avait occupé le poste de directeur d’usine, il y a quelques années. Entre temps, il a exercé pendant trois ans au sein de la Société Sucrière du Cameroun. 

La SRMG, qui tenait son assemblée générale le 25 juin au Gosier, a aussi élu un nouveau conseil d’administration, avec un nouveau président : Marthyr Nagau, 53 ans, actionnaire individuel en tant que planteur de canne, tout comme l’était son prédécesseur, Athanase Coquin. A 73 ans, ce dernier passe donc la main, après 18 ans de mandats à la tête de la SRMG (six ans à la présidence du directoire, puis douze ans à celle du conseil d’administration). Il avait pris ses fonctions en 2003, année de l’ouverture du capital de la société aux planteurs de l’île.