On pensait la crise terminée au sein de la filière canne, suite à la rédaction d’un protocole de fin de conflit, accepté et signé par les planteurs mobilisés, vendredi dernier (26 avril 2024). Ce n’est pas tout à fait exact.
Le document, qui tient en quatre pages et compte 13 articles, notifie notamment les apports financiers des pouvoirs publics et de l’usine Gardel, en vue de l’augmentation des revenus des producteurs. Il a été élaboré avec le concours du directeur de l'alimentation de l'agriculture et des forêts (DAAF).
Il n’a pas été signé par le directeur général de la sucrerie du Moule.
Le préfet Xavier Lefort, le président de la Région Ary Chalus et le vice-président du Département Blaise Mornal ont, eux, apposé leur signature, de même que les représentants des professionnels à l’origine de la contestation.
Résultat : la coupe de la canne-à-sucre n’a pas repris et l’unité industrielle n’a pas rouvert ses balances.
La campagne sucrière 2024, qui aurait dû battre son plein depuis le 1er mars dernier, accuse un retard de deux mois.
Nicolas Philippot : "Je me contente de réécrire les trois engagements de Gardel"
Le protocole finalisé vendredi engage l’usinier à verser 500.000€ ; une somme à répartir à l’ensemble des planteurs, pour la saison en cours.
Mais, hier (dimanche 28 avril 2024), par la voie d’un communiqué, la direction de Gardel annonce maintenir ce soutien financier exceptionnel… avec une réécriture :
La sucrerie GARDEL accorde un soutien exceptionnel de 500.000 euros aux planteurs, pour la campagne 2024. Ce soutien exceptionnel sera versé au titre de l’intéressement au résultat prévu à l’article 5. Même si le résultat venait à être négatif, cette somme serait due, versée en septembre 2024 et répartie par planteur à la tonne de canne livrée. Par ailleurs, la sucrerie GARDEL s’engage pour faire tout son possible pour le bon déroulement de la campagne 2024.
Communiqué de Nicolas Philippot, directeur général délégué de l’usine sucrière Gardel – 28/04/2024.
Nicolas Philippot a accepté de défendre son point de vue à notre micro, ce lundi. Pour lui, le texte ne peut pas être signé en l’état. Les 13 articles ne le concernent pas. Il a donc préféré rédiger les promesses de Gardel sur un document à part.
Pour autant, il n’entend pas revenir sur les engagements de l’entreprise qu’il dirige :
(...) Il y a quelques points sur lesquels on n’est pas d’accord. Ceci dit, il n’y a pas de discussion sur les trois engagements de Gardel, à savoir le partage de la richesse (que l’on va mettre en place), une nouvelle répartition de la prime bagasse et, surtout, le fait que l’on va rajouter une enveloppe de 500.000€ (...). Ça, comme c’est indiscutable, nous avons fait un courrier à part, pour préciser que Gardel ne revenait pas sur ses engagements (...).
Nicolas Philippot, directeur général délégué de l’usine sucrière Gardel – 29/04/2024.
Wilhem Monrose : "Il y une phrase qui ne nous convient pas du tout"
La signature du directeur de Gardel est une condition sine qua none de la reprise d'activité, affirment les planteurs, dans le contexte actuel de perte de confiance, entre partenaires de la filière.
Pour le Kolèktif des Agriculteurs (KDA), l’attitude du directeur de Gardel s’apparente à un nouveau tour de passe-passe, afin d’éviter de mettre la main à la poche.
On a, encore une fois, fait confiance et, malheureusement, Monsieur Philippot nous a envoyé un document qu’il a modifié (...). Si la majeure partie des autorités se sont déjà engagées et nous-mêmes, le problème reste entièrement celui de Gardel.
Wilhem Monrose, Président du Kolèktif des Agriculteurs (KDA)
Le dialogue de sourds reste d’actualité.
Nicolas Philippot, quoi qu’il en soit, prône un lancement de la coupe à compter de jeudi, après le pont du 1er