Changer les mentalités pour mettre un terme aux violences faites aux femmes

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Plusieurs manifestations ont été organisées ce samedi à travers toute la France à l'appel du collectif #Noustoutes contre les violences sexistes et sexuelles. Des manifestations qui avaient toutes pour objectif d'appeler le chef de l'État à agir pour que de vraie mesures soient mises en œuvre pour changer les mentalités et mettre un terme à ces violences. En Guadeloupe, il s'agissait avant tout de sensibiliser à la question et aussi d'inculquer des réflexes de self-défense.

Deux actions pour un même but. Et singulièrement c'est dans l'enceinte du CREPS aux Abymes qu'elles avaient lieu en parallèle. 
Ici, pas de manifestations dans les rues même si on soutient les revendications scandées ici et là. Mais on aura préféré être encore plus pragmatiques.

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D'abord pour comprendre les situations de violences dont les femmes peuvent être victimes. Et c'est à la MGEN qu'il est revenu d'accompagner cette réflexion avec des femmes. Comprendre le mécanisme de ces situations de violences pour savoir comment réagir, y compris en faisant appel aux forces de l'ordre ou à la justice.

©Guadeloupe

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©Guadeloupe

Et c'est précisément parce qu'à toutes ces actions il faut aussi apprendre aux victimes potentielles à se défendre ou, pour le moins, à se protéger, que la manifestation au CREPS comportait un autre volet, plus pratique cette fois. 

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Ici, il s'agit avant tout de permettre aux participantes d'acquérir des réflexes pour savoir comment agir si elles sont attaquées ou quand elles se sentent en danger.
Si elle enseigne aujourd'hui le Jujitsu self-défense, Isabelle Magnard a aussi été victime de violence et désormais, l'enseignante d'EPS, mène le combat de l'information et de la formation aux réflexes de self défense.

©Guadeloupe
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Les nombreux cas enregistrés ont forcé la législation à évoluer

D'abord, il y a la loi du 30 juillet 2020 transcrit dans la législation les travaux du Grenelle contre les violences conjugales.

Pour renforcer la protection des victimes, elle prévoit :

  • la suspension du droit de visite et d'hébergement de l'enfant mineur dont dispose le parent violent ;
  • l'inscription automatique au fichier judiciaire des auteurs des infractions les plus graves ;
  • la décharge de l'obligation alimentaire pour les ascendants, descendants, frères et sœurs d'une personne condamnée pour violences conjugales ;
  • la levée du secret médical quand les violences mettent en danger immédiat la vie d'une personne majeure qui se trouve sous l'emprise de l'auteur des faits.

À la suite d'affaires pénales médiatisées dont les victimes étaient de petites filles, la loi du 21 avril 2021 crée de nouvelles infractions sexuelles afin de protéger les mineurs des violences sexuelles et de l'inceste :

  • le crime de viol sur mineur de moins de 15 ans ;
  • le crime de viol incestueux sur mineur (de moins de 18 ans) ;
  • le délit d'agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans ;
  • le délit d'agression sexuelle incestueuse sur mineur (de moins de 18 ans).

Par ailleurs, le texte complète la définition du viol en mentionnant les actes bucco-génitaux.

La loi du 8 novembre 2021 autorise la ratification de la convention n°190 de l'Organisation internationale du travail (OIT) relative à l'élimination de la violence et du harcèlement dans le monde du travail. Ce texte constitue la première norme internationale dans ce domaine. La convention permet de prendre des mesures visant à garantir des moyens de recours et de réparation et rappelle que "la violence et le harcèlement fondés sur le genre touchent de manière disproportionnée les femmes et les filles".

Les réponses de la société apportées au drame des femmes victimes de violence

À côté de la réponse pénale aux violences faites aux femmes, des actions sont entreprises afin de repérer et prendre en charge les femmes victimes de violences. Des campagnes d’information sont régulièrement menées, et à partir de mars 2007 est institué un numéro d’appel unique destiné aux victimes ou aux témoins de violences conjugales : le 3919, qui est toujours effectif.

Les “téléphones grave danger”, des portables dotés d'une touche directe pour appeler les secours en cas d’urgence, ont permis plus de 400 interventions des forces de l’ordre en 2018.

Une plateforme de signalement en ligne(nouvelle fenêtre), disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, a également été créée pour permettre aux victimes de dialoguer anonymement avec un policier ou un gendarme formé aux violences sexuelles et conjugales. Elle permet aussi de recueillir les signalements de témoins.

De même, afin d’accueillir et d’accompagner les femmes victimes de violences, des structures d’hébergement sont mises en place, et la loi du 5 mars 2007 relative au droit au logement opposable(nouvelle fenêtre) (dite “loi Dalo”) prévoit que les femmes victimes de violences font partie des publics prioritaires pour l’attribution de logement sociaux.

La loi du 7 mars 2016(nouvelle fenêtre) facilite l'accès des femmes étrangères victimes de violences à un titre de séjour.

La loi relative à l’égalité et à la citoyenneté du 27 janvier 2017(nouvelle fenêtre) reconnaît également les femmes menacées de mariage forcé comme prioritaires pour l’accès à un logement social. Elle ouvre la possibilité aux associations en faveur des droits des femmes d'exercer les droits reconnus à la partie civile des crimes et délits sexistes, avec l’accord d'un ayant droit d’une victime décédée.

Le HCEfh a publié le 9 octobre 2020 un rapport qui met en lumière le parcours des femmes, de leurs enfants et de leurs proches depuis la révélation des faits jusqu'à la sortie effective et durable du cycle des violences. Il déplore des carences et des dysfonctionnements persistants dans la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales et de leurs enfants : il y a trop de moments où "elles sont laissées seules et exposées face à un conjoint ou un ex-conjoint violent alors qu'elles ont osé briser le silence imposé par l'agresseur", écrit le HCEfh.

D'autre mesures complètent ces dispositifs :

(Document "Vie Publique" : La lutte contre les violences faites aux femmes : états des lieux)