TEMOIGNAGES. "On attend la suite en espérant que cela aille pour le mieux, pour passer à autre chose", la communauté syrienne de Guadeloupe entre prudence et espoir

Chute de Bachar Al-Assad : les inquiétudes de la communauté syrienne de Guadeloupe ©Alexandre Houda, Jean-Marie Mavounzy
Après 24 ans de règne en Syrie, les troupes rebelles ont mis fin au régime du président Bashar Al Assaad. Un tournant de l’histoire qui plonge le pays dans l’inconnu. Une situation qui inquiète la diaspora partout dans le monde, y compris en Guadeloupe où se trouve une forte communauté syrienne.

Plus de 50 ans après la prise de pouvoir du clan Al-Assaad, un véritable tremblement de terre a eu lieu le week-end dernier, avec la chute du régime du Parti Baas.

Face aux scènes de liesse populaire et de destruction des symboles restants du régime, certains Guadeloupéens d’origine syrienne, à l'instar de Daniel Doumith, préfèrent rester prudents.

Je vois plutôt ça comme une bonne chose et une mauvaise chose. Le problème c'est qu'on se jette dans l'inconnu et on ne sait pas ce qui nous attend demain. Le but n'est pas d'avoir des gouvernements djihadistes mais si on a que cela, on fait avec. En espérant que cela se passe bien et que l'unité de tout le peuple syrien, y compris voir les peuples avoisinants se retrouver entre eux pour pouvoir travailler chacun dans leur pays et ensuite travailler entre eux, collaborer entre eux comme ont fait différents pays.

Daniel Doumith, chef d'entreprise

Pour le docteur Ahmad Al Chakkif, originaire d’Alep, arrivé en Guadeloupe il y a 25 ans, ces 12 derniers jours étaient particulièrement angoissants pour sa famille restée sur place et lui. Et enfin, les premières bonnes nouvelles lui sont parvenues ce lundi. 

J'ai eu un message de mon frère ce matin. Il est rentré chez lui, ça se passe bien. J'étais vraiment soulagé. Et maintenant, on attend la suite en espérant que cela aille pour le mieux, pour passer à autre chose.

Dr Ahmad Al Chakkif, neurologue

Caroline Khalil, elle, avait pour habitude de passer quelques semaines en Syrie presque chaque année, avant le début du printemps arabe de 2011.

Cela fait maintenant plus de 15 ans qu’elle n’a pas pu s’y rendre en raison des nombreux conflits qui ont éclaté à la suite de ce mouvement de rébellion envers le régime. Elle espère pouvoir enfin retrouver la terre d’origine de ses parents.

Dans les circonstances actuelles, c'est encore à définir. J'aspire, un jour, quand j'aurai ma famille pouvoir montrer mes origines puisque cela fait partie de ma double culture... C'est l'espoir qui va nous guider.

Caroline Khalil, entrepreneur

Une envie de voir les conflits armés prendre fin qui semble être le véritable motif d’espoir de cette page qui se tourne. Après quasiment 500 000 victimes, plus de 10 millions de déplacés et des dizaines de milliards de dégâts.