L’archipel guadeloupéen est pauvre, en matière d’équipements pour alerter les populations de l’imminence d’un danger. Pour certains, rien ne vaut les sirènes, pour interpeller chaque habitant, où qu’il se trouve, de jour comme de nuit.
Si aujourd’hui un grave danger imminent menaçait la Guadeloupe (tsunami, chute de météorite, attaque terroriste…), les autorités seraient bien démunies pour jouer leur double rôle de garant de la communication de l’information et de la sécurité des populations.
Car comment avertir les 400 000 Guadeloupéens en un temps record ?
Les sirènes semblent être un moyen de capter rapidement l'attention de l'ensemble de la population.
Mais il en faudrait plus de 150, judicieusement réparties, pour atteindre tout le monde.
Nos îles n’en disposent que de 8.
Dans l’Hexagone, c’est surtout la menace terroriste qui a été identifiée comme un « danger immédiat ».
Le Système d'alerte et d'informations aux populations (SAIP) n’y est plus d’actualité. Lancé en mai 2016, ce dispositif n’a jamais connu l’audience espérée. L’application correspondante n’avait pas été téléchargée par suffisamment de personnes pour être réellement efficace.
Le Ministère de l’Intérieur a donc, depuis juin 2018, jeté son dévolu sur un autre procédé d’alerte, s’appuyant sur les réseaux sociaux, en s’associant à des « acteurs majeurs particulièrement connectés pour prévenir la population si la situation l’exige », selon la communication officielle. « Les messages d’alerte et de prévention du ministère seront diffusés de façon prioritaire sur Twitter, Facebook et Google, mais aussi certains canaux de communication de la RATP, Vinci Autoroutes, Radio-France et France Télévisions »*.
Des systèmes potentiellement adaptés aux spécificités locales, dans la mesure où la Guadeloupe est menacée par tous les risques naturels, excepté les avalanches. Sauf que le SAIP n’a pas été décliné ici bas. Ni, pour l’heure, son remplaçant.
Quelle est actuellement la chaîne d’alerte, en terre guadeloupéenne ?
Prenons l’exemple d’un tsunami déferlant vers l’île aux Belles Eaux, à 800 km/h (réelle vitesse de déplacement d’un tel phénomène) :
1. Le centre référent de surveillance des tsunamis dans l’océan Atlantique est basé à Hawaï.
2. En cas d’alerte, communication doit être faite au centre météorologique de Météo France de Guadeloupe.
3. Météo France doit, à son tour, informer la préfecture, gestionnaire du centre opérationnel départemental ; COD qui rassemble l’ensemble des acteurs de la prévention des risques et de la gestion de crise.
4. L’obligation de diffuser l’alerte à l’ensemble de la population incombe aux maires, pour une menace localisée et au préfet, si plusieurs communes sont concernées.
C’est dans le cadre des Plans communaux de sauvegarde* (PCS) que les municipalités définissent les modalités d’alerte des administrés. Et qu’ont-ils à leur disposition, aujourd’hui, pour cela ? Les médias et des voitures équipées de haut-parleurs, pour sillonner le territoire…
Au mieux, avec ce dispositif d’une autre époque, l’alerte peut commencer à être diffusée au bout de 27 minutes, d’après les expérimentations menées. L’ensemble d’une commune peut être couvert en 4 heures.
Dans le pire des cas, de nuit, la vague aura atteint nos côtes avant que le conducteur de l’auto municipale ait fini d’enfiler son pantalon, de l’avis d’Olivier ANDRÉ, technicien supérieur en électronique, spécialisé en télécommunication et à la tête d’une entreprise qui développe des solutions alternatives.
A l’heure où une grande majorité de la population est équipée de téléphones portables, les alertes auraient pu être transmises par ce biais. Mais les réseaux, chez nous, sont fluctuants et ont maintes fois démontré leurs limites.
Et si un réseaux GSM, exclusivement dédié aux alertes, était créé ? Oui, mais tout le monde ne dort pas avec son mobile.
Il est également possible de cibler les sirènes à actionner, en fonction de la localité menacée.
Il faudrait 153 sirènes pour atteindre chaque Guadeloupéen, selon Olivier ANDRÉ (voir vidéo ci-dessous).
L’archipel en compte 7 en commune, plus une en zone SEVESO.
Trois communes ont opté pour cette solution.
La Désirade, très bonne élève, bénéficie d’un dispositif opérationnel et suffisant, d’ores et déjà mis en fonction, avec ses cinq équipements situés sur :
1. la caserne des pompiers, section Les Galets ;
2. la mairie, à Beauséjour ;
3. un bâtiment du collège « Maryse CONDE » ;
4. l’ancienne « école des filles », au Souffleur ;
5. et un bâtiment de l’école maternelle de Baie-Mahault.
A Sainte-Anne, l’unique sirène de la commune est positionnée sur la mairie ; elle n’est pas encore utilisée.
Idem à Petit-Bourg, où l’équipement qui surplombe l’hôtel de ville est une sirène datant de 1976, rénovée en 2011, par une entreprise et des artisans locaux… mais pas encore mise en fonction.
Bien entendu, un unique système pour couvrir l’ensemble d’un territoire communal, qui plus est vallonné, ne peut suffire.
Par ailleurs, la sirène de Jarry est opérationnelle depuis des années. Une obligation, alors que la principale zone industrielle de Baie-Mahault compte des établissements classés SEVESO ; leur activité industrielle est identifiée comme dangereuse et génératrice d’un risque technologique. Il appartient aux entreprises qui causent ces nuisances de gérer ces équipements.
Bémol : alors que le volume sonore de cette sirène a été haussé, il reste inaudible par certains. La faute à la mode des locaux hermétiques, insonorisés et climatisés…
A chaque convention, relative à l’installation d’une sirène, est associé un contrat de maintenance. Car sans entretien, ce matériel ne peut être fiable sur le long terme.
En fonction de la taille du territoire, le coût d’un parfait déploiement, pour une commune, peut varier entre 400 000 et 800 000 euros.
La sonnerie correspondante se décompose en un son prolongé sur une minute, suivi d’une modulation sur 41 secondes.
Un retentissement que la population doit immédiatement identifier, pour réagir à bon escient ; c’est l’objet des essais réalisés, à midi, le premier mercredi de chaque mois, selon la norme.
Encore faut-il pouvoir identifier la nature du risque imminent, pour savoir quel comportement adopter.
Les sirènes doivent donc aller de pair avec un système de messagerie, sur les smartphones, mais aussi des panneaux à messages variables (comme ceux de Route de Guadeloupe, par exemple). Une idée développée et défendue par Olivier ANDRÉ.
Or, nous l’avons évoqué : les réseaux GSM sont vite saturés, dès lors qu’il s’agit de communiquer simultanément à destination d’un grand nombre de personnes.
Un réseau exclusif doit donc être créé.
Maintenant la concrétisation d’une telle idée nécessite intérêt des pouvoirs publics et investissement financier.
** Pour en savoir plus sur le PCS, consulter l’article « Les autorités organisent / La population s’informe »
Remerciements : NCE Caraïbes (Néo Concept Engeneering).
Car comment avertir les 400 000 Guadeloupéens en un temps record ?
Les sirènes semblent être un moyen de capter rapidement l'attention de l'ensemble de la population.
Mais il en faudrait plus de 150, judicieusement réparties, pour atteindre tout le monde.
Nos îles n’en disposent que de 8.
L’HEXAGONE, D’UN DISPOSITIF A L’AUTRE…
Dans l’Hexagone, c’est surtout la menace terroriste qui a été identifiée comme un « danger immédiat ».
Le Système d'alerte et d'informations aux populations (SAIP) n’y est plus d’actualité. Lancé en mai 2016, ce dispositif n’a jamais connu l’audience espérée. L’application correspondante n’avait pas été téléchargée par suffisamment de personnes pour être réellement efficace.
Le Ministère de l’Intérieur a donc, depuis juin 2018, jeté son dévolu sur un autre procédé d’alerte, s’appuyant sur les réseaux sociaux, en s’associant à des « acteurs majeurs particulièrement connectés pour prévenir la population si la situation l’exige », selon la communication officielle. « Les messages d’alerte et de prévention du ministère seront diffusés de façon prioritaire sur Twitter, Facebook et Google, mais aussi certains canaux de communication de la RATP, Vinci Autoroutes, Radio-France et France Télévisions »*.
Des systèmes potentiellement adaptés aux spécificités locales, dans la mesure où la Guadeloupe est menacée par tous les risques naturels, excepté les avalanches. Sauf que le SAIP n’a pas été décliné ici bas. Ni, pour l’heure, son remplaçant.
LA VERSION LOCALE DE L’ALERTE D’URGENCE
Quelle est actuellement la chaîne d’alerte, en terre guadeloupéenne ?
Prenons l’exemple d’un tsunami déferlant vers l’île aux Belles Eaux, à 800 km/h (réelle vitesse de déplacement d’un tel phénomène) :
1. Le centre référent de surveillance des tsunamis dans l’océan Atlantique est basé à Hawaï.
2. En cas d’alerte, communication doit être faite au centre météorologique de Météo France de Guadeloupe.
3. Météo France doit, à son tour, informer la préfecture, gestionnaire du centre opérationnel départemental ; COD qui rassemble l’ensemble des acteurs de la prévention des risques et de la gestion de crise.
4. L’obligation de diffuser l’alerte à l’ensemble de la population incombe aux maires, pour une menace localisée et au préfet, si plusieurs communes sont concernées.
C’est dans le cadre des Plans communaux de sauvegarde* (PCS) que les municipalités définissent les modalités d’alerte des administrés. Et qu’ont-ils à leur disposition, aujourd’hui, pour cela ? Les médias et des voitures équipées de haut-parleurs, pour sillonner le territoire…
Au mieux, avec ce dispositif d’une autre époque, l’alerte peut commencer à être diffusée au bout de 27 minutes, d’après les expérimentations menées. L’ensemble d’une commune peut être couvert en 4 heures.
Dans le pire des cas, de nuit, la vague aura atteint nos côtes avant que le conducteur de l’auto municipale ait fini d’enfiler son pantalon, de l’avis d’Olivier ANDRÉ, technicien supérieur en électronique, spécialisé en télécommunication et à la tête d’une entreprise qui développe des solutions alternatives.
QUEL DISPOSITIF ADOPTER ?
A l’heure où une grande majorité de la population est équipée de téléphones portables, les alertes auraient pu être transmises par ce biais. Mais les réseaux, chez nous, sont fluctuants et ont maintes fois démontré leurs limites.
Et si un réseaux GSM, exclusivement dédié aux alertes, était créé ? Oui, mais tout le monde ne dort pas avec son mobile.
- Les sirènes
Il est également possible de cibler les sirènes à actionner, en fonction de la localité menacée.
Il faudrait 153 sirènes pour atteindre chaque Guadeloupéen, selon Olivier ANDRÉ (voir vidéo ci-dessous).
L’archipel en compte 7 en commune, plus une en zone SEVESO.
Trois communes ont opté pour cette solution.
La Désirade, très bonne élève, bénéficie d’un dispositif opérationnel et suffisant, d’ores et déjà mis en fonction, avec ses cinq équipements situés sur :
1. la caserne des pompiers, section Les Galets ;
2. la mairie, à Beauséjour ;
3. un bâtiment du collège « Maryse CONDE » ;
4. l’ancienne « école des filles », au Souffleur ;
5. et un bâtiment de l’école maternelle de Baie-Mahault.
A Sainte-Anne, l’unique sirène de la commune est positionnée sur la mairie ; elle n’est pas encore utilisée.
Idem à Petit-Bourg, où l’équipement qui surplombe l’hôtel de ville est une sirène datant de 1976, rénovée en 2011, par une entreprise et des artisans locaux… mais pas encore mise en fonction.
Bien entendu, un unique système pour couvrir l’ensemble d’un territoire communal, qui plus est vallonné, ne peut suffire.
Par ailleurs, la sirène de Jarry est opérationnelle depuis des années. Une obligation, alors que la principale zone industrielle de Baie-Mahault compte des établissements classés SEVESO ; leur activité industrielle est identifiée comme dangereuse et génératrice d’un risque technologique. Il appartient aux entreprises qui causent ces nuisances de gérer ces équipements.
Bémol : alors que le volume sonore de cette sirène a été haussé, il reste inaudible par certains. La faute à la mode des locaux hermétiques, insonorisés et climatisés…
A chaque convention, relative à l’installation d’une sirène, est associé un contrat de maintenance. Car sans entretien, ce matériel ne peut être fiable sur le long terme.
En fonction de la taille du territoire, le coût d’un parfait déploiement, pour une commune, peut varier entre 400 000 et 800 000 euros.
La sonnerie correspondante se décompose en un son prolongé sur une minute, suivi d’une modulation sur 41 secondes.
Un retentissement que la population doit immédiatement identifier, pour réagir à bon escient ; c’est l’objet des essais réalisés, à midi, le premier mercredi de chaque mois, selon la norme.
- Un réseau associé
Encore faut-il pouvoir identifier la nature du risque imminent, pour savoir quel comportement adopter.
Les sirènes doivent donc aller de pair avec un système de messagerie, sur les smartphones, mais aussi des panneaux à messages variables (comme ceux de Route de Guadeloupe, par exemple). Une idée développée et défendue par Olivier ANDRÉ.
Or, nous l’avons évoqué : les réseaux GSM sont vite saturés, dès lors qu’il s’agit de communiquer simultanément à destination d’un grand nombre de personnes.
Un réseau exclusif doit donc être créé.
Maintenant la concrétisation d’une telle idée nécessite intérêt des pouvoirs publics et investissement financier.
ALERTER D’UN DANGER IMMINENT : L’IDÉE DÉFENDUE PAR OLIVIER ANDRÉ
POUR ALLER PLUS LOIN /
* Information sur le dispositif du Ministère de l’Intérieur ICI.** Pour en savoir plus sur le PCS, consulter l’article « Les autorités organisent / La population s’informe »
Remerciements : NCE Caraïbes (Néo Concept Engeneering).