C’est connu : les artistes guadeloupéens font rayonner la culture locale, au-delà de nos îles, chaque fois qu’ils se produisent à l’extérieur. C’est ainsi qu’à Berlin, en Allemagne, des centaines de personnes se sont déhanchées sur de la musique Gwo Ka ; vendredi soir (25 août 2023), Erick Cosaque leur a proposé un concert, dont elles se souviendront, dans le cadre du Congorama, évènement de la nouvelle série de festivals Sonic Pluriverse.
Un moment de communion avec le public
Sur la scène de la terrasse "Paulette Nardal", à Ragen (banlieue de Berlin), en plein air, Erick Cosaque a joué avec, à ses côtés, cinq musiciens et artistes reconnus chez nous : Nathalie Jeanlys (chanteuse, choriste, compositrice et auteur), Colin "Kolen" Serin, Fred Punga et Steeve Sirangom (tambouyés, percussionnistes) et Annette Nicholas (danseuse).
Ils ont répondu aux attentes des organisateurs, puisque Congorama invite le public à s'engager dans la connaissance sonore et culturelle de territoires au lourd passé colonial. Il s’agissait de découvrir comment le son peut générer et connecter différents mondes.
Illustration de cette connexion, en images, avec l'animatrice du concert et le public allemand :
Erick Cosaque, un défenseur du Gwo Ka
À 71 ans, Erick Cosaque est l’une des figures de la musique Guadeloupéenne. Il a contribué à l'élaboration et à la diffusion de la musique Gwo Ka, dès les années 1970. Avec son groupe "Eric Cosaque et Voltage.8", fondé en 1973 à Paris, il jouait déjà la musique traditionnelle de l’archipel, dans le métro. Sa plus récente production remonte à 2019 ; il s’agit de l’album d’anthologie "Chinal Ka 1973-1992". Il aura réalisé plus d’une vingtaine d’albums solos et poursuit sa carrière, en marge du show-business.
Le Gwo Ka est bien plus qu’un genre musical. C’est un patrimoine inscrit sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO, en 2014, c’est une culture qui allie chants, danse et musique, notamment. Alors qu’à l’origine, les textes se cantonnaient aux histoires violentes de l'esclavage et à la résistance des Africains réduits en esclavage, ils évoquent aujourd’hui les inégalités de la société, l’identité et la vie quotidienne des populations des îles de Guadeloupe.
Erick Cosaque, attaché aux prémices de cet art, a aussi suivi cette mutation ; l’héritier a même ajouté quelques touches personnelles, par exemple en ajoutant des instruments à vent, des synthétiseurs et des guitares au Gwo Ka, ainsi qu'en apportant des influences du Compa haïtien, de la cadence et du calypso dominicains.