Conflit social : réveil groggy, après une première nuit de couvre-feu, en Guadeloupe

Grève générale : matin du 20 novembre
La nuit dernière a certes été plus calme que la précédente, alors que la grève générale menée par le LKP a pris une tournure plus insurrectionnelle, dans la nuit de jeudi à vendredi. Au petit matin, un premier tour d'horizon révèle que la plupart des blocages du réseau routier restent d'actualité.

Depuis 18h, vendredi 19 novembre 2021, la Guadeloupe est à nouveau sous cloche, avec l'instauration d'un nouveau couvre-feu, par la préfecture, non pas cette fois pour raison sanitaire, mais pour une question sécuritaire.

Ainsi, jusqu'au mardi 23 novembre, toute personne circulant entre 18h et 5h, doit justifier sa présence, à l'extérieur. Et elles qui se trouveront sur les piquets de grève pourront être interpellées.
Cette restriction doit donc faciliter le travail des forces de l'ordre, qui vont recevoir le renfort de 200 hommes venus de l'Hexagone, d'ici la fin du week-end.

C'est ce qu'a confirmé, le préfet, Alexandre Rochatte, qui était l'invité de Ludivine Guiolet-Oulac, dans le journal Télé de 19h30, hier soir :


Une nuit relativement plus calme que la précédente

Durant la nuit, les forces de l'ordre, chargées de sécuriser l'archipel et d'empêcher de nouvelles exactions, ont été mises à rude épreuve. Les policiers et gendarmes ont sillonné l'archipel, aidés d'Hélicoptères qui survolaient les secteurs les plus chauds de la veille.
Ils ont été l'objet de "nombreuses agressions", dénoncées par la préfecture, dans un communiqué, ce samedi matin : jets de pierres, tirs d’armes à feu et de mortiers. "Un blessé léger est à déplorer dans leurs rangs", indique le Palais d'Orléans de Basse-Terre.

Leur action a permis de procéder à 29 interpellations d’individus pillant et dégradant les biens privés et publics. Ils seront présentés au plus vite aux autorités judiciaires.

Communiqué de la Préfecture de la Guadeloupe - 20/11/2021

Des commerces ont été vandalisés, des incendies (surtout de véhicules servant d'encombrants sur les axes routiers) sont à déplorer et la plupart des barrages sont toujours en place.

Pour la deuxième nuit consécutive, la Guadeloupe a connu des faits de violences urbaines et de pillages de magasins du fait de groupes de casseurs dont l'objectif unique était de voler et de s'attaquer aux forces l'ordre.

Communiqué de la Préfecture de la Guadeloupe - 20/11/2021

Dans l'agglomération pointoise, des bijouteries du cœur de ville ont été attaquées à la meuleuse, en début de nuit. La police est intervenue. Des sirènes d'alarme ont retenti toute la nuit durant.
Par ailleurs, le supermarché Super U du boulevard Légitimus a été vandalisé et pillé. Idem pour l'agence bancaire de la BRED, limitrophe.

D'autres commerces de cet axe ont été l'objet de dégradations, dont un "point loto".
La zone de Chemin Neuf est impraticable, du fait des nombreux détritus amassés là, par les manifestants.
Les locaux de la Douane, à la Marina, ont également été visités.
Les équipes techniques de la ville et de Cap Excellence procèdent actuellement au déblaiement de la zone, tant bien que mal.

Le Service départemental d'incendie et de secours (SDIS) signale comme "faits les plus marquants de cette nuit", les violents incendies déclarés, vers 2h30, dans la zone commerciale de Colin, à Petit-Bourg : ce sont les établissements des deux opérateurs de téléphonie Orange et Digicel qui ont été pris pour cibles.
Il a fallu l'intervention de 27 sapeurs-Pompiers pour venir à bout de ces sinistres.

Agence Digicel de Colin/Petit-Bourg vandalisée et incendiée - nuit du 19 au 20/11/2021
Agence Digicel de Colin/Petit-Bourg vandalisée et incendiée - nuit du 19 au 20/11/2021
Agence Orange de Colin/Petit-Bourg vandalisée et incendiée - nuit du 19 au 20/11/2021

Toujours à Colin, un magasin de pièces automobile a aussi été cambriolé. 

Magasin de pièces auto de Colin/Petit-Bourg cambriolé - nuit du 19 au 20/11/2021

La RN1, à hauteur du pont de la Lezarde, à Petit-Bourg, a été partiellement dégagée, dans les deux sens. Un passage a donc été ouvert dans les quatre barrages érigé depuis hier, sur place.

Du côté du Sud Grande-Terre, à Sainte-Anne, la base nautique a été pillée. Les manifestants y ont trouvé de quoi étoffer leurs barrages. Ils se sont notamment emparés d'un catamaran, qui se retrouve sur le boulevard Ibéné.
Plusieurs boutiques du Village artisanal ont été dégradées, dont une que les malfaiteurs ont réussi à ouvrir, pour s'y introduire.


Toujours beaucoup de barrages routiers, ce matin

Les barrages globalement, dans l'archipel, ont été maintenus en place, par les groupes mobilisés.
D'autres ont vu le jour, dans des secteurs parfois improbables, comme dans des quartiers, des petites rues communales, ou des chemins de campagne.
Des déchets de toutes natures jonchent les axes, rendant plusieurs axes routiers impraticables, voire dangereux.

A Sainte-Anne, de nombreuses routes sont barrées, notamment dans l'intérieur des terres. Au niveau du rond-point de Bois-Jolan, les automobilistes se fraient un passage, entre les détritus encore fumants, laisser là par les bandes, qui ont quitté les lieux.

Dans le Sud-Basse-Terre, dans le carrefour de Réduit, à Trois-Rivières, les manifestants sont toujours sur place. Ils entretiennent le buché placé au milieu de la chaussée.
Le propriétaire d'une pelle mécanique, qui a été dérobée, est venu récupérer son bien, sur ce barrage, avec un réparateur. Quand il est parti avec son engin, sans faire d'histoire, les jeunes mobilisés lui ont assuré qu'ils viendront le récupérer plus tard, pour le remettre sur la route...

A Sainte-Marie, section de Capesterre-Belle-Eau où des afrrontements ont été à déplorer, hier, entre les forces de l'ordre et ceux qui ont érigé un barrage hermétique, une voie de circulation a été rendue aux usagers. La circulation y est donc alternée, ce samedi matin.

A Rivière des Pères, à Basse-Terre, les forces de l'ordre ont sécurisé l'extinction, par les pompiers, d'un feu de détritus, sur la chaussée, ce matin. Alors qu'ils ont fait usage de bombes lacrymogènes, ils ont tous essuyé en retour des tirs de projectiles divers, pendant cette intervention et, après leur départ, les fauteurs de troubles se sont réinstallés :

Pont de la Rivière des Pères, à Basse-Terre, après le passage des forces de l’ordre, ce samedi matin - 20/11/2021

Les autorités conseillent vivement aux Guadeloupéens de ne pas sortir, à moins d'une urgence.

Le préfet de la région Guadeloupe, Alexandre Rochatte, condamne à nouveau fermement ces actes inqualifiables portant atteinte à la propriété des biens des guadeloupéens et assure la population de la mobilisation constante des forces de l’ordre, aussi longtemps qu’il le faudra, pour réinstaurer la circulation sur le territoire et, ainsi, préserver la sécurité des biens et des personnes.

 

Le préfet en appelle à la raison des auteurs de ces méfaits et aux manifestants, pour que cessent ces exactions et autres entraves de la circulation, qui risquent de laisser notre territoire exsangue après des mois de crise sanitaire.

Communiqué de la Préfecture de la Guadeloupe - 20/11/2021