L'affaire qui a été examinée, ce jeudi 31 mars 2022, par le tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre, concerne un dossier de trafic de stupéfiants et de cigarettes de contrebande pour le moins atypique.
Atypique, parce que les faits se sont déroulés au vu et au su de tous, entre janvier et octobre 2017, dans deux boutiques de la marina de Bas-du-Fort.
Les clients pouvaient, au choix, y acheter un paquet de cigarettes à 5 euros, ou un gramme de cocaïne à 20 euros.
Atypique aussi, parce qu’il implique une famille : Cédric Mahmud, le fils 47 ans, son père Claude et sa mère Monique, respectivement âgés de 68 et 70 ans, aujourd’hui.
Les ventes se déroulaient principalement dans les magasins "Ipanema" et "Quai des Îles", propriétés de la famille Mahmud et au domicile de Cédric Mahmud et de son colocataire Drian Kerviel.
Ce dernier était aussi prévenu ; il s’est présenté, durant le procès, comme un fêtard, désabusé, consommateur de cocaïne et salarié de la boutique "Ipanema" (de janvier à mai 2017).
Atypique enfin, parce que ces trafics fonctionnent avec des fournisseurs aussi divers que variés ; beaucoup se présentent à la barre comme commerçants.
Les cigarettes proviennent de Saint Martin, de République Dominicaine, voire plus légalement de ventes aux enchères.
Quant aux stupéfiants, en revanche, l’enquête de l'office anti-stupéfiant (OFAST) désigne un seul homme : Jean-Claude Custos, déjà condamné à quatre reprises, pour des faits similaires.
Au total, ils étaient neuf à être poursuivis.
Les condamnations
Cédric Mahmud est condamné à 3 ans des prisons, dont 18 mois avec sursis probatoire. Il a été placé sous bracelet électronique. L’homme devra aussi verser 5.000 euros d’amende.
Les époux Mahmud écopent, respectivement, de 3 mois avec sursis et 4000 euros d’amende, pour Monsieur et 1000 euros d’amende, pour Madame.
Le colocataire du fils Mahmud, Drian Kerviel, est lui condamné à 18 mois de prison, dont 9 mois avec sursis. Il devra également porter un bracelet électronique et s’acquitter de la somme de 2.000 euros d’amende.
Quant à Jean-Claude Custos, il écope de 2 ans de prison ferme et de 3.000 euros d’amende.
Les autres fournisseurs (de tabac), jugés coupables eux aussi, ont pris de 3 mois avec sursis à des peines d’amende, allant de 1.000 à 3.000 euros.
Des cigarettes...
L’histoire avait commencé par la revente de cigarettes de contrebande.
Le papa finançait les approvisionnements et participait à la vente. Le bénéfice était de 10 à 15 euros par cartouche.
La Maman était au courant ; elle n’était pas forcément d’accord, mais elle donnait un coup de main, à l’occasion.
Tout le monde vend des cigarettes à la Marina, jusqu’à la coiffeuse (...). J’aurai dû être plus ferme, mais on trouvait des cigarettes jusque chez la coiffeuse de la Marina...
Monique Mahmud, à la barre du tribunal judiciaire de Pointe-à-Pitre - 31/03/2022.
... à la drogue
Puis un second business, plus lucratif, était venu se greffer à ce premier trafic ; cette fois, il était question de cocaïne, de cannabis et de la MDMA (communément appelée ecstasy), le tout revendus à un réseau d’une trentaine de clients, dont 25 ont été formellement identifiés.
Là, c’est le fils qui était à la manœuvre. Pour autant, à la barre, ce matin, Cédric a juste reconnu un usage personnel, mais a réfuté tout trafic, malgré des écoutes téléphoniques accablantes.
De même, Jean-Claude Custos, a indiqué au procès qu’il s’agissait de sa consommation personnelle et a réfuté tout trafic.
Mais cela n'a pas convaincu les juges.
Notons enfin qu'à la barre, Drian Kerviel a soutenu que les parents de Cédric ignoraient tout du trafic de stupéfiants.