Le sentiment de culpabilité quand le coronavirus s'invite à la maison.

Quand le Covid-19 pénètre au sein d'un foyer, le premier membre de la famille touché par la maladie peut s'en vouloir, en supposant être le vecteur de transmission aux siens. Pour se décharger de ce lourd poids, il est bon de parler à une personne neutre. Et pourquoi pas un professionnel ?
Le monde vit actuellement une crise sanitaire inédite.
Quoiq'uil en soit, le monde s'adapte, tant bien que mal, trouve des solutions pour, malgré le confinement, poursuivre la scolarité des enfants, travailler (à domicile ou sur son lieu d'exercice habituel), s'approvisionner, etc. La vie poursuit son cours. Mais se sont ajoutés les gestes barrières, les couvres-feu, les restrictions et consignes à impérativement respecter pour que le Covid-19 recule. La peur aussi, parfois, s'immisce dans le quotidien.

Et puis il arrive que le virus s'invite dans un foyer. Par qui ? Comment le savoir ? Pas forcément par le premier membre de la famille à avoir présenté des symptômes.
Quoiqu'il en soit, un trouble peut naître en lui. Emotion qui peut vite se transformer en sentiment de culpabilité.
 

Une attente interminable


D'abord, l'angoisse. Le premier problème, quand la maladie se déclare, est l'attente du verdict, potentiellement cinglant : mes proches ont-ils été infectés, ou pas ?
Si effectivement le virus gangrène le foyer, plusieurs scénarios sont possibles, selon l'état de santé de chacun et l'issue de l'épisode.

Mais pour la psychologue, Manick SIAR-TITECA :

Peu importe les conséquences, même si tout le monde s'en sort bien, le poids de la culpabilité peut se faire sentir... à plus forte raison si un (ou plusieurs) membre(s) de la famille tombe(nt) malade(s).


Un traumatisme avant, pendant et après l'épisode


Le risque, pour la personne convaincue d'être responsable de la contamination d'un proche, c'est la depression sévère, que rien ne permet de prévenir, tant la situation actuelle est inédite et exceptionnelle.
La réalité est que la situation échappe à notre contrôle. 
Le seul accompagnement possible, en amont et pendant la crise, est l'écoute neutre, l'empathie et la bienveillance. Une aide qui peut venir d'un professionnel, ou pas. Mais attention, précise la psychologue Manick SIAR-TITECA :

On peut dire à cette personne : "J'entends ta peur et tes craintes. Ces émotions sont tout à fait normales".
Mais il ne faut surtout par promettre : "ça va aller". Parce qu'on n'en sait rien !


A postériori, quand l'évènement sera passé, le temps sera venu d'agir et d'apprendre à vivre et avancer avec ce qui sest passé.

A noter qu'un obstacle supplémentaire peut apparaître sur le chemin de la guérison du traumatisme, comme l'explique la psychologue Manick SIAR-TITECA :

Au départ l'entourage est bienveillant. En Guadeloupe, on a tendance à dire : "sa té pou fèt, sa té pour rivé*". On est presque fatalistes.
Mais les reproches viendront après. Le temps passant, les langues vont se délier et se faire plus accusatrices et virulentes.


C'est là que l'individu devra être suivi par une personne extérieure.
 

La plateforme RIPOSTE COVID-19

L'Agence régionale de santé de la Guadeloupe et des îles du Nord propose un accompagnement, via la Cellule d'urgence médico-psychologique, destinée aux professionnels de santé et au grand public. "Ce sont aussi des psychologues à votre écoute", est-il indiqué.
La plateforme RIPOSTE COVID-19 (c'est le nom de cette cellule) est joignable au 0590 99 14 74, sept jours sur sept, de 8h00 à 18h00.
 

Deux numéros de "Une question, une réponse"


La transmission intra-familiale du virus Covid-19 est l'objet de deux questions, posées au Docteur Nadine RUPAIRE, médecin généraliste et médecin du travail.
D'abord celle de Christelle de Baie-Mahault :Autre interrogation, celle de Yann des Abymes, au Dr RUPAIRE :
Pour consulter les autres numéros de cette rubrique "Covid-19 : une question, une réponse", vous pouvez cliquer ici : la playlist Facebook "Covid-19 : 1Q1R".


*Traduction du créole : "Cela devait arriver"