Crevettes, poissons et cétacés en danger en raison de la pollution sonore sous-marine selon une étude de l'UA

Banc de poissons
Le son se transmet très mal de l’eau vers l’air. L’humain n’est donc pas conscient du bruit qu’il introduit dans le milieu marin. Il produit pourtant un fort niveau de pollution sonore sous-marine, particulièrement aux abords des côtes. Une pollution qui affecte les organismes vivants, des crevettes aux baleines en passant par les poissons. Une étude de l’Université des Antilles confirme ces impacts et propose des pistes pour les réduire.

Très peu d'études ont été entreprises sur les conséquences chez les organismes marins d'une exposition chronique au bruit. 

Les bruits anthropiques (ou bruits sous-marins) constituent pourtant des nuisances directes pour la faune marine.

De nombreuses espèces de poissons, de mammifères marins ou même de crevettes utilisent le son pour communiquer, pour identifier nourriture ou prédateur et pour s'orienter. 

La bande de fréquence des bruits anthropiques étant très large, elle peut aussi masquer les sons de l'environnement indispensables.

La gravité de cette perte d'espace de communication reste malheureusement mal connue chez les poissons. Mais l'étude estime que des effets physiologiques liés à ce stress sonore sont probables. 

Des fonctions vitales comme l'alimentation, la reproduction, les soins apportés aux jeunes alevins, sont également affectés.

Les poissons s'adaptent moins difficilement au bruit. Leur principale stratégie, s'éloigner des sources de bruit et faire un grand détour si nécessaire. 

Une pollution peu connue mais facile à réduire

Le trafic maritime, civil et militaire est à l'origine de cette pollution massive mais invisible. Plus le navire est grand, plus les niveaux sonores sont intenses et plus la fréquence de ce son est basse.

Le bruit des bateaux de plaisance et des jet-skis, bien moins grands et bruyants que les navires commerciaux mais plus nombreux, se concentre, quant à lui, particulièrement dans les zones côtières. 

La bonne nouvelle c'est que contrairement à d'autres formes de sources de pollution comme les composés chimiques, par exemple, ces nuisances cessent dès que leur production stoppe. 

L'étude évoque donc plusieurs pistes pour atténuer cette nuisance. A commencer par la mise en place de routes maritimes obligatoires évitant les points chauds de la vie marine. Ainsi que la limitation de la vitesse ou de la fréquentation dans, et à proximité des zones vulnérables.

Par ailleurs, sur le plan technologique, la diminution du bruit et des vibrations des moteurs doit accompagner les efforts destinés à réduire l'empreinte carbone des bateaux. 

Les deux chercheurs, Frédéric Bertucci, chercheur en éco-acoustique du CNRS, le Centre national de la recherche scientifique, et Malika René-Trouillefou, de l’Université des Antilles, en appellent donc à la prise en compte de la pollution sonore et à la réduction des activités bruyantes afin d'assurer une gestion et une conservation durable des habitats littoraux et de leur biodiversité.