Criminalité, pauvreté : l’Eglise catholique sensibilisée aux maux d’Haïti

Des enfants courent vers leurs parents, à la fin de leur journée d'école, alors que la police mène une opération contre les gangs, dans le quartier Bel-Air de Port-au-Prince (Haïti) - 03/03/2023).
D’abord, il y a le cri d’alarme des évêques d’Haïti : ils fustigent l’inaction des autorités, alors que les gangs armés ont pris le pouvoir, sèment la terreur et commettent d’abominables crimes visant femmes et enfants, notamment, sans être inquiétés. Et puis il y a le diocèse de Guadeloupe, qui aide une localité à avoir son église.

Les évêques haïtiens alertent sur la situation dramatique que connaît leur pays, où l’expression de la violence des gangs est sans borne. Ils dénoncent la passivité des autorités étatiques, dans un communiqué daté du 9 mars dernier, soit 40 ans après le voyage sur place du Pape Jean Paul II. Les prélats ont d’ailleurs repris les mots du Saint Père, prononcés la 9 mars 1983 : "Il faut que quelque chose change ici !

Une "violence systématisée et planifiée" à Haïti

Au cours de ces dernières années, nous avons assisté à une ingénierie du mal, orchestré savamment dans le but de casser tous les ressorts qui supportaient encore les pans de notre société.

Évêques catholiques romains en Haïti

Dans leur témoignage, les évêques rappellent les horreurs perpétrées, en toute impunité, par des gangs armés, en Haïti : vols, viols, pillages, incendies, enlèvements, meurtres.
L’inaction "déconcertante" des autorités, face à ces crimes abominables, est pointée du doigt par l’Eglise d’Haïti, qui appelle à des actions concrètes pour mettre fin aux agissements des malfaiteurs, alors que ces derniers s’en prennent aux femmes, aux enfants et même aux personnes malades.

Et c’est maintenant ! Nous ne pouvons plus compter les exactions et les crimes, commis par ces bandits, dont le nombre croît de manière exponentielle. Il ne reste plus un endroit sûr, où vivre dans le pays. Pour sortir de chez eux et y revenir, les citoyens sont à la merci des gangs armés, qui imposent leurs lois.

Évêques catholiques romains en Haïti

Et l’insécurité est grandissante, à Haïti. Depuis le mardi 28 février 2023, des affrontements armés ont éclaté entre gangs rivaux, à Delmas et Bel Air, quartiers de la capitale Port-au-Prince. Plus d’une centaine de personnes a soit été tuée, soit est portée disparue. Dans ce contexte, les écoles ont été fermées.

Le diocèse de Guadeloupe met sa pierre à l’édifice

L’Eglise de Guadeloupe entend intervenir, dans un autre domaine.

Le père Daniel Romulus, après des années au service du diocèse de Guadeloupe, est en mission dans son pays, Haïti, depuis 10 ans. Sur place il a été nommé curé de la paroisse Saint-Joseph de Petit-Boucan, dans la commune de Gressier, au Sud-Ouest de Port-au-Prince.
Dans ce secteur démuni, tout est à faire. Le père Daniel s’emploie à installer une école dispensant une formation intégrale et artisanale, ainsi qu’à concrétiser un projet d’approvisionnement en eau potable. Mais, faute d’église pour les 10.000 habitants du coin, il célèbre la messe dans des lieux insolites, sous les arbres ou dans des abris, notamment.

Dans la commune de Gressier (Haïti), le père Daniel célèbre la messe dans des lieux insolites.

Face à cette réalité, Monseigneur David Macaire, administrateur apostolique de la Guadeloupe, a décidé de destiner l’ensemble des quêtes de carême de toutes les paroisses du diocèse, à la construction de l’église Saint-Joseph de Petit-Boucan, afin que les Catholiques sur place aient un lieu où se retrouver et célébrer leur Dieu.