Accusées de mauvaise gestion de la crise Covid, les autorités sanitaires et la préfecture de la Guadeloupe ont déposé une dizaine de plaintes, auprès du Parquet, en réponse à la multiplication des insultes et des menaces de mort dont elles font l'objet.
Contexte explosif
Depuis le mois d'août, près de 300 personnes sont décédées, à l'hôpital, sur le territoire, après avoir contracté le virus.
Et, alors que la courbe des indicateurs va décroissant, la pression hospitalière est toujours forte, sur place. La quatrième vague de l'épidémie sévit encore. Le variant Delta, particulièrement contagieux, circule majoritairement dans les îles de l'archipel.
Les familles en deuil sont nombreuses.
Et, de surcroît, la défiance contre le vaccin, contre le pass sanitaire et/ou contre l'obligation vaccinale rassemble une large tranche de la population locale.
Dans ce contexte, l'ambiance est délétère.
Les doutes de certains, quant aux protocoles de prise en charge des patients, ont laissé place à des critiques de plus en plus vives, notamment via les réseaux sociaux, puis aux menaces.
Le seuil de l'inacceptable franchi
Le directeur du Centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe (CHUG) fait partie des plaignants. Gérard Cotellon a déposé trois plaintes, après avoir reçu des menaces de mort, dont son propre avis d'obsèques.
Il dénonce aussi la "diffamation contre toutes les personnes qui disent qu'on pratique l'euthanasie à l'hôpital et qu'on tue les malades", selon les explications qu'il a données à l'AFP.
Pour mettre fin à ses critiques, le Commission médicale du CHUG avait publié une motion, pour rappeler que tous les professionnels de santé du site se battent au quotidien pour sauver le maximum de vies.
Le préfet et de la directrice de l'ARS ont aussi de nombreux détracteurs. On se souvient qu'Alexandre Rochatte avait annulé un rendez-vous pris entre le collectif Moun Gwadloup et le sous-préfet de Pointe-à-Pitre, le 3 septembre dernier. Selon le représentant local de l'Etat, les militants avaient appelé à sa "déportation".
Depuis, Moun Gwadloup, qui réfute avoir employé ce terme "déportation", a produit un communiqué où il demande "la démission du préfet, et de la directrice de l'agence régionale de santé".
Des appels à brûler les locaux de l'ARS, les vaccinodromes, ou encore le vaccibus ont par ailleurs circulé.
Or, pour rappel, ces menaces sont des délits, lourdement sanctionnés par le droit français.
Une plainte aussi contre les autorités
Ils sont nombreux, au sein de la population guadeloupéenne, à regretter que la stratégie des autorités s'appuie essentiellement sur la vaccination, pour faire face à l'épidémie de Covid-19.
Qu'en est-il des traitements et soins précoces, après diagnostic de la maladie, demandent-ils ?
C'est ainsi que le Lyannaj Kont Pwofitasyon (LKP) et l'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG) ont déposé une plainte contre X, formulée pour "blessures et homicides par imprudence et non-assistance à personne en péril", le 14 septembre 2021.
Leur objectif est de faire toute la lumière sur le niveau de responsabilité des uns et des autres, dans cette affaire, alors que tant de décès sont à déplorer.