Cyclone Chido à Mayotte : À plus de 10 000 kilomètres de son île, Moinecha Djanfar installée en Guadeloupe, dans l'attente

Moinecha Djanfar, Mahoraire installée en Guadeloupe depuis 6 mois, téléphone à la main attend des nouvelles, en compagnie de sa belle-mère, Nadia Lambert-Leclaire
Après le passage destructeur du cyclone Chido, les mahorais de la diaspora vivent dans l'angoisse. C’est le cas de Moinécha Djanfar qui vit depuis 6 mois en Guadeloupe. Loin des siens, elle attend des nouvelles de sa mère.

Deux jours après le passage dévastateur du cyclone Chido, de ses vents de plus de 200 km/h et ses dégâts considérables, le préfet du département s'est exprimé sur Mayotte La 1ère. François-Xavier Bieuville a déclaré qu'il y aura "certainement plusieurs centaines" de morts.
"Je pense qu'il y aura certainement plusieurs centaines, peut-être approcheront nous le millier, voire quelques milliers" de morts a-t-il affirmé. Il sera "très difficile d'avoir un bilan final" étant donné que la tradition musulmane, très ancrée dans les quartiers d'habitat précaire entièrement détruits, veut que les personnes soient enterrées "dans les 24 heures".

C'est aussi ce que craint Moinecha Djanfar. Les yeux rivés sur les images des journaux télévisés, le téléphone portable toujours à la main, la jeune Mahoraise vit dans l'angoisse depuis deux jours. Elle a pu avoir quelques nouvelles, la nuit dernière, mais depuis, silence radio. "Vers une heure du matin, j'ai reçu un message de ma sœur qui me disait qu'ils sont en vie, qu'ils ne sont pas blessés". 

Malheureusement, on est tous famille à Mayotte. Le cousin, l'ami, le voisin, tout le monde... On est une famille. Moi, je suis de Sada, mais ma famille s'étend de Petite-Terre au nord et au sud. Et on arrive pas du tout à les avoir. C'est terrifiant, c'est horrible de ne pas savoir. 

Moinecha Djanfar, Mahoraise vivant en Guadeloupe

En Guadeloupe depuis 6 mois, Moinecha se sent impuissante, si loin de sa terre natale. 

On a pas vécu le cyclone mais on est angoissés. C'est compliqué de ne pas être à, de ne pas savoir. On essaie de se réconforter en se disant qu'on soit là ou pas, personne n'aurait rien pu faire. Mais c'est très compliqué.

Moinecha Djanfar

Moinecha peut compter sur le soutien de sa belle-famille, à ses côtés. Nadia Lambert-Leclaire, sa belle-mère oscille entre colère et espoir. 

Je suis révoltée parce que j'ai l'impression que l'Etat français a abandonné Mayotte, pas depuis le cyclone, mais cela fait longtemps que ma belle-fille me parle de Mayotte... Je veux être à côté d'elle. Je veux avoir les mots pour elle pour lui dire que nous sommes là pour elle. Je suis une femme d'espérance... Pour moi, le monde entier devrait déjà être autour de Mayotte.

Nadia Lambert-Leclaire, belle-mère de Moinecha

Toujours dans l'attente de nouvelles de sa mère, la jeune Mahoraise croit en l'avenir de sa terre natale.

Le cyclone nous a anéantis. On n’est pas morts, on doit se relever tous ensemble pour construire Mayotte. 

Moinecha Djanfar