Des délais de paiement à 60 jours en moyenne, contre 30 de délai légal, fragilisent les entreprises en Guadeloupe

Billets euros (illustration)
À l’aube du dernier trimestre de l’année et de la clôture des exercices comptables 2024, les entreprises locales et leurs mandataires (UDE MEDEF / CCI / Chambres des Métiers de l’Artisanat) s’alarment de la conjoncture économique de la Guadeloupe. Climat des affaires détérioré, ralentissement de l'investissement et hausse des prix sont constatés sur l'archipel. Autre motif d’inquiétude, les délais de paiement qui restent bien plus longs que ce que la législation impose. Les donneurs d’ordre publics sont pointés du doigt même si le secteur privé n’est pas en reste.

Avec un tissu essentiellement constitué de TPE (Très Petites Entreprises) et PME (Petites et Moyennes Entreprises) (80% des sociétés en Guadeloupe), les délais de paiement revêtent un caractère primordial pour leur viabilité.

Une moyenne de 60 jours mais d'énormes disparités

En Guadeloupe selon les derniers chiffres disponibles pour les collectivités territoriales et les communes de plus de 3 500 habitants, le délai moyen s’établit à 60 jours. C’est deux fois le délai légal pour le public qui est de 30 jours après réception de la facture pour les collectivités territoriales. 60 jours mais il s’agit d’une moyenne car les disparités sont importantes. La communauté d’Agglomération Grand Sud Caraïbe affiche, par exemple, le plus long délai avec près de 340 jours, quand la commune de Deshaies ne prend qu’un peu plus de 6 jours pour honorer ses factures. Quant aux deux collectivités majeures elles sont peu ou prou dans les clous avec un peu moins de 39 jours pour la région et de 34 jours par le département.

Des sanctions peu efficaces dans le public

Pour l’heure les sanctions appliquées dans le public depuis 2016 ne semblent pas produire leurs effets. Il ne s’agit pour l’heure que d’intérêts moratoires et d’indemnités forfaitaires. Quant au secteur privé la politique de la sanction, assurée par la répression des fraudes semble plus dissuasive : Près de 800 sociétés ont été contrôlées en 2023 et 346 ont fait l’objet de sanction. C'est en hausse de 20 points par rapport à 2022. C’est le cas d’Albioma Moule qui vient d’écoper d’une amende de 58 000 Euros.

Des conséquences sur le nombre de faillites

Entre juin 2023 et juin 2024, le nombre de défaillances d’entreprises Guadeloupéenne a progressé de 17.8 %. À la fin du deuxième trimestre de cette année, 318 sociétés étaient concernées par une procédure collective ; redressement judiciaire ou liquidation, quand sur la même période, en 2023, on en dénombrait seulement 270. Une hausse également observée lors du premier trimestre 2024 mais qui ralentit selon l’IEDOM. C’est une nouvelle encourageante puisque si le nombre de faillite en Guadeloupe était en effet au plus bas lors du 3ème trimestre 2021, en pleine crise COVID, elles étaient reparties sur une tendance très marquée, flirtant avec les records de 2012, 2013 et 2018.

Les défaillances d'entreprises par géographie 2023/2024
Comparaison du cumul sur un an entre Guadeloupe et France entière

Le secteur automobile fragilisé

Ce sont les secteurs de la construction du commerce et de la réparation automobile qui sont les plus touchés. Dernier exemple en date, la société Ambition Automobiles (Guadeloupe et Martinique) qui commercialise la marque BMW est en redressement judiciaire depuis le 7 août 2024. Elle pourrait être rachetée par le Groupe Aubéry qui possède déjà plusieurs concessions aux Antilles. Les secteurs de l’enseignement, de la santé, de l’action sociale ou encore des services aux ménages sont, eux, moins impactés.