Des interrogations et des réponses sur le rôle de Schœlcher dans l'abolition de l'esclavage

Reconnu pendant longtemps comme l'initiateur de l'Abolition de l'esclavage,Victor Schoelcher est aujourd'hui décrié par beaucoup qui contestent l'action menée pour que le décret d'abolition soit promulgué. Pour l'historien René Bélénus, Schoelcher a joué un rôle primordial que l'on ne peut pas nier

Au Panthéon depuis le 20 mai 1949, depuis que le sénateur Gaston Monnerville, petit-fils d'esclave, en avait fait la proposition, Victor Schoelcher doit avoir un repos perturbé depuis quelque temps. 
Figure reconnue de l'abolition de l'esclavage tout comme son combat pour que la dignité des esclaves soit admise et reconnue, l'Alsacien qui, au début ne se préoccupait pas de leur sort, a beaucoup voyagé pour les affaires de la fabrique familiale de porcelaine. Des voyages qui vont le mettre en face de cette réalité de l'esclavage.

Ainsi, la lutte contre l'esclavage devient sa principale préoccupation. Désormais dans le courant des Républicains, il multiplie les actions pour faire entendre cette cause et va jusqu'à mener une étude sur l'eclavage dans la Caraïbe qu'il publiera en 1833.

Le mouvement de l'abolition avance. L'Europe y souscrit progressivement. Mais la France est partagée. En pleine révolution de 1848, alors qu'il est au Sénégal, Schoelcher apprend que les ultras pourraient bientôt revenir au pouvoir en France et renverser le gouvernement provisoire. Il s'empresse de regagner la France pour inciter le président du conseil, François Arago, à prendre un décret pour abolir l'esclavage.
Le 4 mars 1848, Arago nomme Schoelcher sous-secrétaire d'Etat chargé des colonies et président d'une commission d'abolition de l'esclavage. Le décret d'abolition est signé le 27 avril 1848 et prévoit la libération des esclaves deux mois après cette promulgation.

Deux trop longs mois pour les esclaves

Dans les colonies, l'information est arrivée. Elle provoque immédiatement l'impatience des esclaves qui ne voient rien venir. L'effervescence est à son comble et des mouvements sporadiques ou concertés ont alors cours. 
En Martinique, la provocation de certains propriétaires terriens est à l'origine d'une insurrection qui obligera le gouverneur à proclamer l'abolition de l'esclavage le 23 mai 1848, bien avant l'arrivée du décret. Avisé de la situation en Martinique, le gouverneur de Guadeloupe en fera de même une semaine plus tard, le 27 mai 1848.

Ce sont ces abolitions avant l'arrivée du décret qui ont fait naître et grandir l'idée que Schoelcher n'y est pour rien et que les esclaves ont eux-mêmes conquis leur liberté. Argument courant dans les milieux nationalistes, il va devenir le motif pour certains de déboulonner les statues érigées aux Antilles en hommage aux actions abolitionnistes de Schoelcher.

Mais, au risque d'aller à contre-courant des thèses du moment, l'historien René Bélénus dénonce les anachronismes trop souvent faits et qui ne replacent pas les évènements dans leur chronologie 

René Bélénus, historien

 

Voir aussi sur le site du Sénat : Victor Schoelcher (1804-1893) Une vie, un siècle : L'esclavage d'hier à aujourd'hui