Pourtant tout allait bien à Morne-à-l'Eau. Les négociations qui fixaient l'application de l'accord-cadre avaient débouché sur des solutions permettant aux employés de reprendre leur activités. Et puis les choses se gâtent à l'arrivée des bulletins de salaire, qui affichent des retenues surprises sur les revenus des agents grévistes. Il n'en fallait pas plus pour déclencher l'ire de l'UTC-UGTG et dégrader assez nettement les relations entre le syndicat et la maire.
Revirement et blocage
Depuis, les discussions avec Jean Bardail semblent au point mort. Un début de solution semblait avoir été trouvé, notamment grâce à l'intervention du président de Région, Ary Chalus. Des négociations étaient sur le point de reprendre avant que le maire, toujours selon le syndicat, ne convoque un bureau d'élus municipaux pour acter le fait que les retenues ne seraient pas discutées.
Du coup, le protocole d'accord est suspendu et l'UTC-UGTG remonte le piquet de grève jusqu'à nouvel ordre. D'autant que, tout comme à Anse-Bertrand, des discussions doivent être menées pour régulariser le tableau des avancements de grade des agents.
Des retenues légales
La loi précise que l'absence de service dûe notamment à un mouvement de grève, donne lieu, dans la fonction publique, à une retenue de 1/30ème du salaire de l'agent, calculé sur l'ensemble de sa rémunération. Si la grève dure, le nombre de 30èmes retenus est égal aux nombres de jours de grève du 1er au dernier jour inclus.
Dans le cas précis de Morne-à-l'Eau, le maire a fait le choix de retenir cinq jours par autant de mois de grève et a du mal à comprendre la colère des agents. L'édile se souvient que dès les deux premières semaines de mobilisation, au mois de mars 2021, son équipe avait fait partie des premières municipalités à dégager des solutions pour régulariser les carrières des agents, dont deux à la retraite depuis plusieurs années.
Dès le 2 mars, j'ai demandé au service des ressources humaines de la préfecture de tout mettre en oeuvre pour régler la question des carrières des agents. Nous avons trouvé dans le budget 600 000 euros pour financer ces régularisations. A la fin du mois de mars, nous pouvions déjà signer un protocole de sortie de crise.
A l'époque, selon le maire, le syndicat avait traîné des pieds par solidarité avec les mouvements qui se tenaient dans les autres mairies. Aujourd'hui, il estime ces retenues d'autant plus justifiées que la commune subit de plein fouet les mouvements de grève successifs des agents, que ce soit en matière de collecte des déchets ou de restauration scolaire.
Toutefois, Jean Bardail n'est pas fermé à la discussion, une suspension ou une négociation des prélèvements de ces retenues peut être envisagée après discussion.