Avant toute chose, il est important de définir ce qu’est un deuil périnatal. Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette notion est employée lorsque des parents perdent leur bébé entre 22 semaines d’aménorrhée et le 7e jour après sa naissance. Cependant, dans les faits, le deuil périnatal englobe une multitude de réalités : des grossesses non abouties, quels que soient leur terme et la cause du décès (fausse couche, mort fœtale in utero, grossesse extra-utérine, interruption médicale de grossesse, réduction embryonnaire, etc.).
Les chiffres
Chaque année en France, des milliers de familles se retrouvent confrontées à la perte d’un enfant pendant la grossesse, ou après l'accouchement. Environ une femme sur 50 y fera face au cours de sa vie. Selon la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DRESS), en Outre-mer, la mortinatalité, comprenez "les enfants nés sans vie après 5 mois de grossesse", reste toujours très importante : 14,5 pour 1000, quasiment 2 fois plus que dans l’Hexagone (7,5 pour 1000).
Une journée mondiale
Le 15 octobre prochain est la Journée mondiale de la sensibilisation et prise en charge du deuil périnatal. Dans ce contexte, dans l'archipel, le GIP-RASPEG* Réseau Périnat "Naître en Guadeloupe", en collaboration avec les associations "Nanm An Nou" et "Etoiles naissantes", ont organisé une semaine de formation à destination des professionnels qui gravitent autour des personnes concernées par le deuil périnatal.
Il est important que les professionnels de santé sachent comment utiliser les mots et comment être dans l’empathie envers les couples, pour ne pas créer d’impairs et pour justement lever cette tristesse qui est compréhensible face à la perte d’un bébé.
Francelise Nadessin, sage-femme, pour le dispositif spécifique régional pénalité au GIP-RASPEG
Mieux comprendre le deuil périnatal pour mieux intervenir
Une formation à l'initiative du GIP-RASPEG, intitulée "Mieux comprendre le deuil périnatal pour mieux intervenir", a débuté lundi 10 et se termine vendredi 14 octobre 2022. Aux manettes, Marie Lacombe, docteur en périnatalité et famille, consultante scientifique en périnatalité et petite enfance. C’est elle qui prend en compte l’aspect psycho-socio-culturel et spirituel de l’expérience vécue par les parents. Et pour cause, cette formation a pour objectif d’aider à mieux entendre ce type de détresse, à mieux comprendre sa complexité et à donner des clés pour l’accompagner.
Pour faire son deuil, il faudrait que les parents en parlent. Il ne faut pas rester dans un mutisme. Il faut trouver les bons interlocuteurs pour pouvoir échanger sur la situation, et affronter la population et pouvoir retourner dans la vie sociale.
Francelise Nadessin, sage-femme, pour le dispositif spécifique régional pénalité au GIP-RASPEG
Démarches administratives du deuil périnatal
Au-delà d'un accompagnement psychologique proposé par le corps médical, les couples concernés par le deuil périnatal, peuvent ressentir le besoin de matérialiser leur douleur d'une autre manière. Les démarches administratives concernant un deuil périnatal diffèrent selon que l’enfant est né vivant ou mort, viable ou pas. En fonction, il est possible de l’inscrire à l’état civil et sur le livret de famille.
L'après
Après avoir vécu la perte d'un bébé, retenter l’expérience de la grossesse n’est pas chose facile, sachant que cette épreuve est éprouvante, tant physiquement que psychologiquement. S’il n'est pas toujours évident, pour les femmes qui ont vécu ce drame, de se projeter immédiatement dans une nouvelle grossesse, d’autres au contraire arrivent plus facilement à franchir le pas.
Il y a des femmes qui se disent que c’est la fatalité et, comme par hasard, elles tombent tout de suite enceintes et ont leur bébé convenablement. Ou, il y en a qui veulent et préfèrent attendre, qui ne se sentent pas en confiance, qui ont peur que ça leur arrive à nouveau.
Francelise Nadessin, sage-femme, pour le dispositif spécifique régional pénalité au GIP-RASPEG
Si le deuil périnatal est une épreuve Ô combien douloureuse, les parents doivent savoir qu’ils ne sont pas seuls. Pour les accompagner à surmonter ce drame, en Guadeloupe, le GIP-RASPEG a mis en place un numéro d’information et d’orientation : 05.90.47.17.00. Des associations existent aussi et offrent aux parents différentes possibilités d’exprimer leur souffrance, notamment "Nanm An Nou" et "Etoiles Naissantes".
*GIP-RASPEG : Groupe d'intérêt public - Ressources et dispositifs d'appui à la coordination et actions de santé publiques en Guadeloupe.