L’autorité de régulation du secteur de l’eau au Royaume-Uni et au Pays de Galles (OFWAT) a condamné, le 26 septembre dernier, la majorité des fournisseurs d’eau locaux à rendre près de 130 millions d’euros aux usagers, sous forme de réductions sur leurs factures ; ce, dès l’année prochaine. L’OFWAT est un organisme indépendant, qui mène des investigations et peut, donc, infliger des peines pécuniaires aux fournisseurs de l’eau, quand il estime que certaines missions ne sont pas remplies. En l’occurrence, il estime que les performances des compagnies sanctionnées sont insuffisantes ; il y a eu notamment des fuites conséquentes, ainsi que des déversements massifs d’eaux usées, dans les milieux.
Une telle décision a de quoi faire réfléchir, en Guadeloupe où, régulièrement, l’eau distribuée ne répond pas aux besoins des usagers, ni en termes de qualité, ni en quantité.
Des plaintes... presque en vain.
Alors une telle condamnation massive serait-elle souhaitable, dans l’archipel ?
"On en rêverait", déclare Christian Deligat, trésorier et porte-parole de #BalanceTonSIAEAG. Cette association a intenté plusieurs actions en justice et a été souvent été déboutée. Elle a encore porté plainte au pénal, en mai dernier, pour "défaut de fourniture d’eau et eau de mauvaise qualité" ; mais il faudra attendre plusieurs années pour un aboutissement.
En attendant, rien n’est fait pour apaiser les besoins des populations.
Soit le tribunal se déclare incompétent, soit l’Etat dit : "Nous, on fait ce qu’il faut pour l’eau". Il y a toujours une bonne excuse pour laisser faire cette situation (...)
Christian Deligat, trésorier et porte-parole de #BalanceTonSIAEAG
Jacques Davila, secrétaire général du Comité de l’eau et de l’environnement (une autre association d’usagers), confirme qu’en France, c’est par la plainte qu’on doit faire respecter les lois. Des procédures ont déjà eu lieu et continuent d’être entamées, dans le département.
Je rappelle que des élus qui ont été ministres ont été condamnés pour ce fait, ainsi que le président du SIAEAG de l’époque [NDLR : Amélius Hernandez] (...) Il est certain que des actions sont en cours, par de petites associations, au tribunal de commerce, au tribunal administratif, au pénal, devant le Parquet national financier et il y a d’autres qui vont suivre, dans les jours à venir (...)
Jacques Davila, secrétaire général du Comité de l’eau et de l’environnement
Scission au sein des usagers
Pour Christian Deligat, la commission de surveillance, qui a été créée au sein du nouvel opérateur unique de l’eau (le SMGEAG), a sa part de responsabilité, dans la situation actuelle. Cette entité, composée d’usagers, a pour mission de siéger aux côtés des autres parties prenantes du Syndicat Mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de la Guadeloupe ; mais, selon #BalanceTon SIAEAG, qui en faisait partie, ses membres ne jouent pas leur rôle :
Ils ne dénoncent pas les carences du syndicat. Et comme ils ne le font pas, c’est la raison pour laquelle nous avons quitté cette commission de surveillance (...)
Christian Deligat, trésorier et porte-parole de #BalanceTonSIAEAG
Les initiatives des usagers de l’eau, ceux qui n’acceptent pas de laisser perdurer cette situation de pénuries récurrentes d’eau et de pollution de la ressource, se font donc diversement. Les associations œuvrent chacune de leur côté.
Les autorités et collectivités, quant à elles, tentent de régler les problèmes, à leur rythme. Mais leur calendrier s’étale sur plusieurs années ; des années où les foyers doivent acheter des packs d’eau, pour leur consommation, tout en payant les factures très souvent jugées injustifiées du SMGEAG.