Les électrices et les électeurs d’Outre-mer sont courtisés par les prétendants à l’Elysée, cette année encore. La plupart des candidats à la présidence de la République vont proposer un projet pour l’Outre-mer, n’en doutons pas. Une tradition à laquelle il est périlleux, électoralement parlant, de renoncer. Les collectivités d’Outre-mer pèsent près de 5% du corps électoral, ce qui n’est pas neutre.
L’engouement des candidats pour la France périphérique s’explique donc aisément. Les plus gros réservoirs de voix sont localisés dans deux régions. Lors des élections de 2021, la Réunion comptait environ 670.000 électeurs et les Antilles 624 000. Ces pays sont régulièrement visités par les postulants à la magistrature suprême.
Les autres zones, plus éloignées de Paris et moins peuplés sont jugés peu rentables sur le plan électoral. Guyane, Saint-Pierre-et-Miquelon, Mayotte, Polynésie, Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna voient rarement des candidats, une fois la campagne démarrée. Avec 24 à 28 heures d’avion pour se rendre à Papeete ou Nouméa, par exemple, les impétrants réfléchissent à deux fois, même si là-bas, c’est aussi la France, à ce qui se dit.
L’abstention plus forte en Outre-mer
La participation moyenne est habituellement plus basse dans les collectivités d’Outre-mer que la moyenne française, c’est exact. Pourtant, le vote d’un électeur de Cayenne pèse du même poids que celui d’une électrice de Toulouse. Le principe "une voix est une voix" est intangible. Il vaut mieux ne pas s’aliéner les suffrages engrangés dans les territoires éloignés.
Ainsi, en 1974, le libéral Valéry Giscard d’Estaing l’avait emporté de moins de 425 000 voix contre le socialiste François Mitterrand. Celui-ci avait obtenu 150 000 voix de plus Outre-mer où l’abstention avait été massive. La participation aurait été équivalente Outre-mer que dans le reste de la France que le résultat final aurait pu être différent
En 2002, le socialiste Lionel Jospin avait été éliminé, dépassé par Jean-Marie Le Pen de 195 000 voix, qu’il aurait pu engranger dans nos territoires où la gauche était pourtant en position de force. Là aussi, l’abstention a été très forte et préjudiciable au Premier ministre d’alors.
Le bal des candidats aura-t-il lieu ?
Attendons-nous donc, dans les prochaines semaines, à une série de déplacements des prétendants à l’Elysée ou de leurs émissaires. On n’est jamais trop prudent, d’autant que cette élection semble incertaine, trois mois avant son échéance.
Il reste à savoir si nous voterons davantage que d’habitude dans nos pays. La réponse tient partiellement en la qualité et en l’originalité de la vision des candidats concernant les territoires périphériques. Si c’est pour entendre, une énième fois, que nous sommes une chance pour la France, qui dispose avec son empire de 97% de son espace maritime et de 80% de sa biodiversité, à quoi bon ?
Il est certain que les candidats qui dérouleront un programme réaliste et moderne articulés sur les modalités d’un développement de nos territoires seront mieux écoutés que ceux qui ressassent des slogans éculés.