L'association des pharmaciens d'Haïti a alerté samedi sur les risques d'introduction de vaccins contrefaits, après que l'Etat a autorisé jeudi l'importation par le secteur privé de vaccins contre le Covid, alors qu'il n'a encore lancé aucune campagne publique pour vacciner la population.
"Il y a un risque élevé d'introduction en Haïti de faux vaccins anti-Covid 19 en raison de possibles multiplications de points de vente non contrôlés", s'inquiète l'organisation professionnelle.
Destination la Floride pour se faire vacciner
"Haïti ne dispose pas d'un laboratoire de contrôle de qualité pouvant vérifier si un vaccin est faux ou pas", rappelle l'association.
Les importateurs haïtiens de produits pharmaceutiques et les médecins qui le souhaitent doivent indiquer au ministère de la Santé les quantités, numéros de lots et pays de provenance des doses, aucune restriction quant au type de vaccins n'ayant été émise par le gouvernement de ce pays caribéen.
Haïti est l'une des rares nations n'ayant pas encore commencé sa campagne de vaccination. Le ministère de la Santé a fait savoir qu'il devrait recevoir 130 000 doses du vaccin AstraZeneca "entre début et mi-juillet", via le programme Covax chapeauté par l'Organisation mondiale de la Santé.
Dans ce pays très inégalitaire, la majorité des habitants n'a pas accès aux soins de santé de base. Seule la minorité aisée des Haïtiens pourra accéder à cette vaccination réalisée par le secteur privé.
Certains d'entre eux ont déjà choisi de se rendre en Floride pour se faire vacciner.
Un vaccin au coût exorbitant
Jugeant la décision du gouvernement "irresponsable et inéquitable", l'association des pharmaciens déplore le fait que "le coût des vaccins sera exorbitant et (que) la majorité de la population n'y aura pas accès".
Relativement épargnée par l'épidémie jusqu'ici, Haïti connaît une augmentation du nombre des cas de Covid-19 depuis le mois de mai, après la détection sur son territoire des variants Alpha et Gamma (respectivement identifiés pour la première fois au Royaume-Uni en décembre 2020 et au Brésil en janvier 2021).
Depuis mars 2020, environ 18.000 personnes ont été officiellement testées positives au coronavirus.
Sur les 413 décès officiellement attribués au Covid-19, soit uniquement ceux recensés en milieu hospitalier, depuis le début de l'épidémie, plus d'un quart ont été enregistrés au cours du dernier mois.
Depuis début juin, la violence des gangs dans la capitale Port-au-Prince amplifie les risques de propagation du virus, en forçant des centaines de familles à fuir leur domicile pour s'entasser dans des refuges précaires.