Encore trop peu d’embauches de personnes en situation de handicap

Affiche de la SEEPH2022
Alors que débute ce lundi l’édition 2022 de la Semaine européenne de l’emploi des personnes handicapées, force est de constater que le plein emploi de ces actifs n’est pas d’actualité. On est même loin du taux l'obligation d’emploi de 6%, dans les structures de 20 salariés et plus. Une réalité notamment due aux clichés, qui ont la vie dure.

La 26ème Semaine européenne de l’emploi des personnes handicapées (SEEPH) débute ce lundi 14 novembre 2022.

L'objectif de cet événement est de faire se rencontrer entreprises, politiques, associations, société civile et demandeurs d'emploi en situation de handicap et de proposer des actions concrètes pour faciliter le recrutement.

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Logo de la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées 2022

Mais, même après tant d’années, les organisateurs de cet évènement et les organismes qui œuvrent auprès de ce public se demandent "à quand le plein emploi pour les personnes en situation de handicap ?". C’est le thème retenu pour cette édition 2022.

Un zoom sera fait cette année sur trois sujets correspondant à des problématiques sociales et sociétales importantes : les femmes en situation de handicap au travail, l’accès des jeunes en situation de handicap à l’emploi et à l’apprentissage et, par ailleurs, le territoire comme bassin d’emploi privilégié des personnes en situation de handicap.

Faible taux d’emploi

Le taux d’emploi des personnes porteuses de handicap reste très faible, en France. Il est passé de 3,39% à 3,73%, en un an, dans le secteur public ; en légère augmentation, donc.
Dans le secteur privé, il stagne à 2,71%.

Pour Gaëlle Lacoma, inspectrice du travail à la DEETS-Guadeloupe (ancienne Direction du travail), chargée de la politique de l’inclusion professionnelle des personnes en situation de handicap, le trajet est encore long.

On est loin de l’obligation d’emploi dans les collectifs de travail de plus de 20 salariés ou 20 agents, fixée à 6%. Mais les choses progressent quand même.

Gaëlle Lacoma est inspectrice du travail à la DEETS-Guadeloupe

Ce taux d’emploi à atteindre (à temps plein ou à temps partiel) est fixé à 6%, depuis la loi de 1987 et concerne tous les établissements de 20 salariés ou plus du secteur privé, ainsi que les établissements publics à caractère industriel ou commercial (EPIC) ; ces dispositions ont été étendues aux établissements du secteur public (autres que les EPIC), en 2005.

Changer les mentalités

Des clichés et préjugés perdurent, tant chez les personnes porteuses de handicap que chez les employeurs.

Ces derniers associent trop souvent le handicap à l’absentéisme, avant de penser aux compétences des intéressés et de recruter autrement.

Recruter autrement, c’est notamment prendre en compte les compétences de ces personnes qui sont malheureusement reléguées. Petit à petit, en rencontrant les organisations patronales, dans le cadre du plan régional d’insertion des travailleurs handicapées, nous communiquons sur le fait qu’il existe des compétences de personnes en situation de handicap, autant les mobiliser.

Gaëlle Lacoma est inspectrice du travail à la DEETS-Guadeloupe

Parallèlement, les travailleurs concernés doivent faire les démarches pour être reconnues en tant que travailleurs handicapés. Or, là, ça bloque, surtout chez les jeunes.

Les jeunes qui, pour beaucoup, profitent et bénéficient de la solidarité et de l’entraide familiales, n’ont pas forcément conscience de leur handicap. Et c’est vrai qu’il y a un problème de sous-déclaration, parce qu’ils ont peur d’être estampillés handicapés et, donc, de faire l’objet de rejet, surtout pour ceux qui portent un handicap qui n’est pas visible.

Gaëlle Lacoma est inspectrice du travail à la DEETS-Guadeloupe

En Guadeloupe, la plupart des handicaps sont liés à des maladies chroniques évolutives invalidantes, comme le diabète, la drépanocytose, l’hypertension, ou encore suite à des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Le handicap est alors souvent invisible et ne nécessite pas d’aménagement du poste de travail.

Profil des personnes handicapées qui décrochent un emploi

En Guadeloupe, parmi les porteurs de handicap, les femmes de 50 ans et plus sont majoritaires à réussir à se faire embaucher. En termes de qualification, elles ont au moins le baccalauréat et bénéficient d’un accompagnement depuis plus de deux ans, auprès d’un organisme de placement spécialisé.

Pour les personnes qui ont contracté un handicap au cours de la vie, ce qui est le cas de 80% des personnes en situation de handicap, il y aura d’abord une phase d’acceptation de la nouvelle situation.

Gaëlle Lacoma est inspectrice du travail à la DEETS-Guadeloupe

D’où le fait que les travailleurs concernés ont, pour la plupart, un certain âge.

Beaucoup de personnes étaient déjà en situation d’emploi et ont contracté une pathologie invalidante. Dès lors, il y a un deuil à faire de ce que l’on a été lorsque l’on était valide.

Gaëlle Lacoma est inspectrice du travail à la DEETS-Guadeloupe

Un travail de deuil qui peut être long alors que, comme pour tout parcours, l’adhésion du sujet concerné est indispensable, pour avancer.

L’importance de la reconnaissance officielle du handicap 

Cela peut paraître paradoxal, mais obtenir la Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), même quand le handicap est invisible, permet de mieux lutter contre les discriminations à l’embauche ou au maintien en emploi.

Des personnes, qui peuvent ressentir des douleurs aléatoires, vont se faire identifier comme étant absentes, or l’aménagement du poste de travail permet exclusivement de faire valoir les compétences, de les aménager, en demi-journée.

Gaëlle Lacoma est inspectrice du travail à la DEETS-Guadeloupe

L’aménagement du poste de travail permet une adaptation aux possibilités de l’individu handicapé, une facilitation de son parcours au sein de l’entreprise et un fonctionnement gagnant-gagnant. De quoi éviter un rejet du malade.