Un crâne humain qui sort du sable et menace d’être emporté par les courants… La houle a été si forte qu’elle a rogné encore un peu plus le rivage de la plage des Raisins Clairs à Saint-François (et son cimetière marin). C’est l’un des sites les plus exposés à l’érosion du littoral de Guadeloupe. Ajouter la fréquentation liée à l’attraction de la plage et de ce lieu mémoriel, les courants érosifs et vous obtenez un trait de côte qui recule à vue d’œil ou presque.
Comment stabliliser le sable sur ce site si la commune souhaite préserver à la fois ses sépultures et sa plage ?
La municipalité de Saint-François doit réaliser cette semaine un diagnostic avec plusieurs organismes dont la Direction de l’environnement de l’aménagement et du logement (DEAL). Ce diagnostic s’inscrit dans une étude plus vaste qui concerne toute la frange littorale de la Riviera du Levant, à savoir les côtes de Gosier, Sainte-Anne, Saint-François et de la Désirade. La CARL, est la 1ère communauté d’agglo à missionner un cabinet d’urbanistes pour réfléchir à un schéma d’aménagement de cette frange littorale, soit une centaine de km de côtes. Le cabinet rendra ses conclusions durant le 1er semestre 2022.
D'autres sites sensibles sous surveillance
D’autres sites sensibles, très exposés à l’érosion marine, sont également sous surveillance en Guadeloupe. Il n’y a pas que la plage des Raisins Clairs à Saint-François qui fait l’objet d’un suivi. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) suit les mouvements de sables sur une dizaine de sites soit par GPS, soit par drône comme aux Raisins Clairs et à la plage de la Perle à Deshaies.
Le BRGM fait ensuite des préconisations pour minimiser l’impact de l’érosion du littoral : rechargement en sable aux Raisins Clairs ou révégétalisation de la plage du bourg de Sainte-Anne. Parfois les deux. Les solutions peuvent être mixtes.
Dans le cadre du projet « Carib Coast », lancé l’an dernier, le BRGM et l’Office national des forêts (ONF) expérimentent des enclos de végétation pour piéger le sable et éviter que la houle ne l’emporte. Avec des essences forestières au système racinaire développé. L’idée est de privilégier les solutions fondées sur la nature, de profiter des récifs coralliens, des mangroves dont l’efficacité dans la lutte contre l’érosion du littoral a été montrée et d’abandonner le recours systématique aux ouvrages de défense des littoraux.
Et il y a urgence : selon les photos et cartes aériennes du BRGM, le trait de côte a reculé en moyenne de 50 cm par an depuis les années 60 soit une trentaine de mètres sur les sites les plus exposés.