Fête de la musique : zoom sur une profession où il faut batailler pour vivre de son art

Le live, il n'y a que ça de vrai !
Alors que la musique est célébrée partout en Guadeloupe, en ce 21 juin, nous nous sommes intéressés aux conditions dans lesquelles évoluent les artistes locaux, qui nous régalent de leurs œuvres. Puisque les singles et les albums ne se vendent plus comme avant et qu’il faut des millions de vues sur les plateformes dédiées pour espérer une rémunération décente, les musiciens, chanteurs et compositeurs doivent multiplier les prestations en live, pour pleinement vivre de leur art. Dominik Coco témoigne.

C’est aujourd’hui la fête de la musique. Depuis 1982, le 21 juin est l’occasion de célébrer la musique, en France et dans plus de 110 pays du globe.
En Guadeloupe, de nombreux concerts sont programmés ce mercredi, à l’initiative de groupes, de lieux de concert, de restaurants, d’associations, ou encore de collectivités ; des scènes seront installées un peu partout, pour les musiciens, qui ne ratent jamais une occasion de se produire. Des sonorités résonneront de toutes parts, pour des moments de communion entre le public et les artistes, professionnels, amateurs, voire en herbe.

Après une crise sanitaire difficile, où les musiciens ont été mis sur la touche, au même rang que les activités qualifiées de "non essentielles", c’est le retour, depuis plusieurs mois, des prestations en live. 

L’occasion, pour nous, de tenter de comprendre quelle est la vie de ces artistes. L’adage local selon lequel "la vi awtis rèd" est-il véridique ?
Dominique Coco répond à nos questions.

Se produire en live, une obligation pour gagner sa vie

Le live, il n’y a que ça de vrai ! Et les prestations restent le meilleur moyen pour vivre de sa musique, en Guadeloupe, désormais. Entre l’étroitesse du marché et les nouvelles habitudes de consommation des œuvres, les artistes doivent trouver de nouvelles sources de rémunération, pour le travail accompli.

Maintenant, on ne peut plus tellement compter sur les ventes d’albums, mais vraiment sur les concerts, pour pouvoir s’en sortir, faire vivre nos droits d’auteur (...).

Dominik Coco, auteur, compositeur et interprète.

Sur 100 euros collectés par la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM), environ 85 euros sont reversés en droits d’auteur. En Guadeloupe, 1300 auteurs sont déclarés à la SACEM.

Il faut par ailleurs savoir que, pour toute diffusion de musique, des autorisations sont accordées et des contrôles effectués par les services de cet organisme.

La Guadeloupe, un marché étroit pour foule de talents  

De la musique, il y en a partout dans l’archipel guadeloupéen ! Où que l’on aille, le talent de nos artistes s’exprime. Pourtant, vivre de son art, dans le territoire, est une mission quasi-impossible.

Vivre que de la musique, en Guadeloupe, en 2023, cela reste compliqué, difficile. Certains musiciens donnent des cours, dans des structures privées, tout en laissant une place, dans leur planning, pour les concerts, les tournées éventuelles. D’autres lui font une place d’autant moins importante, voire y mette un terme et se consacre exclusivement à l’enseignement.

Dominik Coco, auteur, compositeur et interprète.

Pour sa part, depuis 33 ans, Dominik Coco vit de son art, selon ses mots "avec des hauts et des bas et la volonté de se professionnaliser, pour bénéficier et pérenniser son statut d’intermittent du spectacle".

On a besoin de l’aide de toutes personnes spécialisées dans l’administratif de la musique, parce que c’est un domaine que l’on ne maîtrise pas forcément. L’artiste ne peut pas tout connaître. On peut être bon dans la création d’une pièce, d’un objet d’art, d’une chanson... mais ne pas être au fait de toutes les démarches administratives qui peuvent nous aider.

Dominik Coco, auteur, compositeur et interprète.

Il faut 43 cachets sur une période de 12 mois, pour avoir le statut d’intermittent du spectacle en France et ouvrir des droits à une indemnisation, auprès de Pôle Emploi. Un quota parfois impossible à atteindre, pour les musiciens locaux, au regard de l’étroitesse et des particularités du marché local.

Il faudrait diminuer le nombre de cachets nous permettant d’obtenir le statut d’intermittent. Cela n’a jamais encore été fait. J’ai eu l’occasion d’en parler avec la responsable de la DRAC ; à mon grand étonnement, elle n’était pas d’accord, elle était même très très loin de cette réalité, en fait ! Les personnes qui ont des postes à responsabilité ici... mais qui sont loin de la réalité des choses.

Dominik Coco, auteur, compositeur et interprète.

En attendant une adaptation du statut, peu de musiciens vivent exclusivement de leur art, localement.
Quoi qu’il en soit, la passion et l’amour de la musique alimentent un vivier de talents bien réel. Au public et aux médias de soutenir ce marché, pour que vive la musique locale !