Il ne fait pas bon vivre, en ce moment, dans le quartier du Raizet, aux Abymes. Les riverains se plaignent d’odeurs tellement insupportables et persistantes qu’ils se voient obligés de se cloitrer chez eux, pour tenter d’y échapper, de jour comme de nuit.
Sur les réseaux sociaux, quelques-uns se plaignent de maux de tête et/ou de nausées. Pascale en fait partie. Pour elle, plus rien n’est fait, dans certains secteurs du quartier, pour veiller au bien-être de la population :
Ce quartier, on l’a oublié. C’est malheureux, parce qu’il y a beaucoup de personnes âgées qui habitent ce quartier-là, des gens qui ont élevé leurs enfants au Raizet. Il ne faut pas les oublier. Il y a quelque-chose à faire.
Pascale, habitante du Raizet
Ces nuisances olfactives pourraient avoir trois sources distinctes : la décharge de La Gabarre, les eaux usées, ou encore le chantier de goudronnage de la piste de l’aéroport.
Une décharge qui nuit au gré du vent
Non loin du Raizet, il y a la décharge de La Gabarre d’où, tout naturellement, on peut soupçonner des émanations désagréables.
Mais les habitants n’en sont pas sûrs, comme Tony :
Certaines personnes disent que c’est la décharge. Effectivement, ça peut être la décharge, parce que des fois l’odeur est nauséabonde. Particulièrement, le soir, vers 2h30 / 3h00 du matin, il y a une odeur particulièrement chimique. On a l’impression que c’est du chimique, mais on ne peut pas déterminer ce que c’est. C’est dérangeant. Ca empêche de respirer. C’est invivable.
Tony, riverain
Selon Kate Cipolin, directrice générale adjointe du Syndicat de valorisation de déchets (SYVADE), en charge du service technique, il est possible que des odeurs émanent de la décharge, ponctuellement, vers une partie du Raizet, en fonction du sens du vent.
L’établissement met tout en œuvre pour respecter les termes de l’arrêté préfectoral incluant un plan de prévention des odeurs.
Il faut bien noter, tout de même, que les nuisances générées par La Gabarre ont sensiblement diminué, au fil du temps.
L'évacuation des eaux usées non conforme aux besoins
Par ailleurs, le réseau d’assainissement et les évacuations des eaux pluviales sont obstrués. De ces canalisations remontent, là aussi, des odeurs nauséabondes.
Sans compter les trous d’eau stagnante, ici et là.
Certains riverains contactent régulièrement les services municipaux compétents, à ce sujet... en vain.
Je suis souvent gênée. C’est très difficile. Des fois, j’ai l’impression d’être écoutée, mais souvent je ne suis pas écoutée, puisque les choses ne s’arrangent pas. Les agents viennent, effectivement. Ils regardent. Mais les travaux ne sont pas faits. Je subis cette situation depuis près de 15 ans.
Riveraine (qui a tenu à garder l’anonymat)
Max Biabiany, directeur général du service technique de la ville des Abymes, admet que le constat d’une configuration inadaptée et du sous-dimensionnement des canalisations d’assainissement des eaux usées est fait, depuis 3 à 4 ans.
Pour régler ce problème, le travail préliminaire mené par Eau d’Excellence a été repris par le Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG).
En outre, les dépôts de déchets, hors des bennes dédiées, sont légions, dans le quartier du Raizet. Cela non plus n’est pas propice à la qualité de l’air...
Du goudron, pour la réfection de la piste
Autre cause des nuisances olfactives subies par les habitants du Raizet : les grands travaux actuellement en cours, dans l’enceinte de l’aéroport "Guadeloupe – Pôle Caraïbes". La piste est en cours de réfection, notamment, à grand renfort de (malodorant) goudron.
Et ce chantier a été installé sur le site de l’ancien aéroport du Raizet, mué en vaste carrière.
Pour la riveraine Pascal Pétrus, ce chantier, autour duquel il n’y a eu aucune information à la population, est synonyme de cauchemar au quotidien :
Oh Oui... L’odeur du Goudron, matin, midi et soir. C’est-à-dire qu’on s’endort avec et on se réveille avec. C’est vraiment très très désagréable. C’est invivable.
Pascal Pietrus, habitante du Raizet
Cette installation est classée et doit répondre à un certain nombre de normes ; les nuisances, par exemple, auraient dû y être réduites.
Alain Bievre, président du directoire de la Société aéroportuaire Guadeloupe Pôle Caraïbes (SAGPC) indique ne pas avoir été informé de ces nuisances subies par les riverains du chantier. Il prend cette information au sérieux et compte mener les investigations nécessaires.
Les travaux de goudronnage, qui ont commencé en février dernier, doivent s’achever en juin prochain.