Beaucoup auraient pensé que prendre le risque d'un éparpillement des voix serait tellement contre productif qu'aucun politique avisé ne le prendrait lors d'un premier tour périlleux et dont les enjeux ne se limitent pas à ce seul scrutin législatif.
Mais, en bon fils de son père, Eric Jalton n'a pas craint ce risque. Mieux, il l'a même choisi.
Pourtant, qu'il s'agisse de Dominique Biras, d'Alix Nabajoth ou de Nadège Montout, chacun aurait préféré que le choix du leader de la FRAPP soit clair bien avant le 1er tour et qu'il en bénéficie. Chacun savait combien cette division dans les urnes pourrait tourner à l'avantage du député sortant, Olivier Serva. Mais le choix d'Eric Jalton aura été tout autre.
Mesurer l'influence populaire de chacun
En réalité, le maire des Abymes est le mieux placé pour mesurer les velléités des conseillers municipaux de son équipe. Des velléités qui peuvent aller jusqu'à secouer le navire municipal.
De fait, en mettant chacun devant sa valeur électorale personnelle, il peut ainsi mieux maîtriser les ambitions de chacun au sein de l'équipe.
Il a donc choisi de laisser les électeurs les départager sachant qu'à la fin, et quel que soit le choix, ce sera toujours à son avantage et à son crédit politique.
Ce premier tour lui a donc permis de préciser son choix en la matière et de l'appuyer.
Un choix par défaut en faveur d'Olivier Serva
Cette sélection par les urnes des équipiers d'Eric Jalton a dans le même temps ouvert un boulevard électoral pour son adversaire Olivier Serva. Un risque que le maire des Abymes ne pouvait pas ignorer.
Mais cela n'a pas semblé le troubler plus que cela.
C'est que la répartition des rôles entre les deux adversaires naturels ne peut qu'arranger chacun d'entre eux : A l'un l'Assemblée Nationale et le siège de député, à l'autre la ville des Abymes et en prime la Communauté d'agglomération. De quoi ne pas se marcher sur les pieds et même, de travailler ensemble sans compromission.
Et à la fin, c'est Eric Jalton qui gagne
Ainsi, avec une telle configuration, le second tour s'annonce peut-être incertain pour les deux candidats retenus par le suffrage universel mais, quel que sera le résultat, il ne risque pas de déplaire à Eric Jalton.
Le maire des Abymes s'est habitué au rôle de député de son "meilleur" adversaire et ne s'en plaint guère. Il s'est aussi habitué, depuis sa décision de ne plus siéger à l'Assemblée nationale pour s'occuper de ses intérêts politiques locaux et particulièrement abymiens, à gérer les crises d'égo de ses colistiers en les soumettant au risque du suffrage des électeurs sur leur nom propre. Histoire peut-être de rappeler qu'à la fin, des échecs des uns ou des réussites des autres, de ses alliés comme de ses adversaires, c'est toujours lui qui gagne. Qu'on se le dise.