La clinique l'Espérance, aux Abymes, est comme paralysée. Le climat social y est plus que tendu.
D'une part, l'Union des travailleurs de la santé (UTS-UGTG) mène un mouvement de grève contre l'obligation vaccinale, depuis une dizaine de jours, dans cet établissement de santé comme dans plusieurs autres du département.
Et, par ailleurs, alors que tous les soignants et médecins non vaccinés ont été suspendus de leurs fonctions, dans le respect de la loi du 5 août 2021, il n'y aurait pas suffisamment de personnels, à l'intérieur, pour assurer la prise en charge des patients, selon le syndicat mobilisé.
Des patients renvoyés chez eux ?
Les personnels non vaccinés de la clinique l'Espérance ont reçu une lettre de mise en demeure de présenter un schéma vaccinal complet, début octobre 2021. Dans ces missives, l'Agence régionale de santé (ARS) promettait de suspendre les contrats des réfractaires à compter du 25 octobre.
C'est donc à cette date que les salariés anti-obligation vaccinale sont entrés en grève.
Sur la centaine de personnes qui travaille sur place, près de 85 ne pourront plus exercer, ni percevoir leurs salaires.
Le calcul est vite fait : le compte n'est pas bon, pour la prise en charge des patients, dont plusieurs ont été contraints de rentrer chez eux ; la majorité des services ont dû être fermés, d'après l'affirmation de l'Union des travailleurs de la santé.
Elière Guiéba, secrétaire général adjoint de l’UTS-UGTG, dénonce le sort réservé aux malades :
L'Union des travailleurs de la santé aurait souhaité que l'ensemble des patrons du secteur de la santé, conscients du risque encourus par les patients, dans un tel contexte, se rebelle contre l'application de la loi sur l'obligation vaccinale, que le syndicat qualifie de "scélérate". Mais il n'en est rien.
Olivier Serva appelle à une médiation urgemment
Alerté par Elie Domota, leader du "Lyannaj Kont Pwofitasyon" (LKP) et membre actif de l'Union générale des travailleurs de Guadeloupe (UGTG), le député de la première circonscription, Olivier Serva, s’est rendu à la clinique l'Espérance, à la rencontre des équipes, lundi 1er novembre 2021.
Le parlementaire s'inquiète du "démantèlement" de l'établissement et évoque un "dysfonctionnement notoire, puisque seul un service sur quatre fonctionne". Ce "quasi-arrêt" de l’activité de la clinique résulte d’une "application mécanique" du contrôle du pass sanitaire, auprès des soignants, constate Olivier Serva, qui regrette que le secteur privé ne bénéficie pas du moratoire de fait, mis en œuvre dans le secteur public. Le député s’inquiète particulièrement du sort réservé aux patients en psychiatrie, renvoyés chez eux, faute de personnels soignants. Et il entend relancer le ministre de la Santé, sur l’urgence, selon lui, à déplacer la cellule de médiation actuellement présente en Martinique.
Une réponse des autorités sanitaires et de la direction de la clinique
Alors que n’avions pas pu joindre la direction de la clinique l'Espérance, pour une réaction, avant notre première publication, un communiqué nous est parvenu, en cette fin de journée du 3 novembre. Il est signé de l'ARS et de la direction de l'établissement. Il y est affirmé que la situation, sur place, est loin de celle décrite par l'UTS-UGTG.
"Les services de la clinique de l’Espérance ne sont pas fermés. Ils ont été regroupés pour mieux assurer la prise en charge des patients.
Certains patients suivis dans le service de psychiatrie ont eu l’autorisation de rentrer chez eux (permission) pour le weekend car leur état de santé évalué par deux médecins le permettait.
Concernant la répartition des patients de SSR (soins de suite et de réadaptation), ils sont sortis d’hospitalisation selon des critères médicaux comme habituellement. Ceux nécessitant de rester hospitalisés, le sont restés soit sur place, soit à la clinique des Eaux Claires. Il n’est pas question de ne pas apporter la réponse médicale adaptée aux patients."
Extrait du communiqué de l'ARS et de la clinique l'Espérance - 03/11/2021
Par ailleurs, les signataires de ce document dénoncent les complications de prise en charge des patients, dues au blocage, par l'UTS, de la "livraison des denrées alimentaires, des produits pharmaceutiques, de l‘enlèvement et la livraison du linge pour les patients. De plus, des actes de vandalisme sont perpétrés, des serrures sont encollées, des pneus dégonflés et des menaces à personnes ne cessent d’être proférées" est-il écrit.
Selon l'ARS et la direction de la clinique, les patients en permission ont été empêchés de revenir, aujourd'hui et les allées et venues des soignants non grévistes sont également entravées.
On a aussi un tout autre son de cloche, quant au nombre de personnels vaccinés. Les autorités sanitaires parlent de 70% des salariés de l'établissement en conformité avec la loi.
"La direction de l’établissement a pris les mesures juridiques qui vont lui permettre de faire cesser ces agissements", est-il promis.
Une réponse est aussi faite, suite à l'intervention du député Olivier Serva : "Il n’y a pas lieu à médiation quand les acteurs de santé du territoire sont très majoritairement vaccinés et que tous ces agissements malveillants ne sont pas le reflet d’une démarche constructive", avancent l'Agence régionale de santé et la direction de la clinique l'Espérance.